À la rencontre de Luc Cheilan

Cycliste et auto-entrepreneur en tant qu'entraîneur

  • jeudi 2 février 2017

Le cyclisme est un sport qui peut nous emmener loin, que ça soit par la distance avec des voyages, ces innombrables routes à découvrir et autant de rencontres à faire. Cela peut également être une forme de partage un peu différente, lorsqu’on aime rouler autant que l’on aime coacher et entraîner. On peut par exemple devenir son propre patron, et ainsi apprendre autant des autres que ce qu’on leur apporte. C’est le choix qu’à fait Luc Cheilan, coureur au Sprinteur Club de Nice, et il nous explique pourquoi dans ce nouveau plat.

 
  • Bonjour Luc, et bienvenue Au bon dossard ! Pour débuter ce plat, revenons un peu en arrière : peux-tu te présenter et nous raconter comment tu es arrivé au vélo ?

Bonjour, j’ai 23 ans et j’habite à côté de Sisteron, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Je suis arrivé au vélo par le VTT en FFCT, donc très loin des compétitions. Ce n’est qu’après plusieurs années comme ça que je me suis mis aux compétitions, d’abord en VTT avant de passer sur la route en Espoirs 2. L’objectif au départ était de faire une année de transition pour m’orienter ensuite vers le VTT marathon, mais finalement je m’y suis plu et ma petite pointe de vitesse m’a aidé. Ainsi, j’ai franchi peu à peu les différentes catégories.

Cette année, je serai coureur au Team Cycliste Azuréen, candidat à la DN2 et en parallèle, je me lance  de l’autre côté de la barrière comme entraîneur.

  • Quel sont les souvenirs les plus marquants (bons comme difficiles) que tu as vécu sur ta machine ?

En souvenirs marquants, je retiens le Tour de Haute-Provence. Pour moi, ça a toujours été la course à domicile et ma première course par étapes en étant dans la sélection du département, et surtout la course qui a marqué ma progression. En 2012, je n’étais qu’un vététiste au départ d’une course sur route et je me suis battu pour finir les étapes. L’année d’après, je me suis mis à jouer aux avant-postes. Je retiens aussi les courses Espoirs italiennes pour l’ambiance et les parcours très souvent magnifiques. Après, il y a évidements les chutes auxquelles je n’ai pas échappé, avec au moins une grosse chute chaque année depuis que je fais de la route, mais je ne préfère pas m’attarder dessus.

  •  L’an passé, tu courrais sous les couleurs du Sprinter Club de Nice. Comment s’est déroulée ta saison ? En es-tu satisfait ?

Jusqu’au premier week-end de compétition, tout s’est bien passé mais dès le Souvenir Jean Masse, j’ai commencé à ressentir une sorte de symptôme grippal qui m’empêchait de forcer. S’en est suivi quatre semaines de repos total. Fin mars et en avril, je me suis entraîné correctement et la forme allait en s’améliorant, mais je ressentais toujours une fatigue que je mettais sur le compte de l’enchainement des déplacements à Poitiers pour suivre la formation du DEJEPS cyclisme traditionnel.

Arrive la première manche de Coupe de France DN2 où je tombe assez lourdement dans le final. Je reprends le vélo dix jours après sur les Boucles du printemps, mais je n’arrive toujours pas à freiner correctement de l’arrière à cause d’une entorse au poignet. À partir de ce moment-là, j’ai eu de très mauvaises sensations avec énormément de fatigue et des douleurs articulaires. La seule course que J’ai pu finir ensuite, se sont les Boucles de la Marne par ce que je m’étais reposé toute la semaine. J’ai mis longtemps à savoir exactement ce que j’avais et c’est Olivier Presse, qui était le second directeur sportif du club et qui suivait en parallèle une formation en nutrition qui a trouvé que mon problème venait de mon système digestif. J’ai pu réellement mettre un nom sur ce que j’avais que fin août.

Au final, je me suis retrouvé avec une saison où j’ai fait plus de courses par étapes comme assistant pour aider l’équipe que comme coureur. Humainement, je suis satisfait de ma saison que ça soit de l’entente avec l’équipe ou avec le directeur sportif Lionel Lahoun, mais sportivement je suis très loin de ce que je voulais faire.

  • Tu connais donc toujours quelques ennuis de santé ?

Oui, la candidose que j’ai attrapée résulte de la transformation d’une levure que tout le monde a dans l’intestin en un champignon qui devient nocif en détruisant les parois de l’intestin, sécrète de nombreuses toxines et empêche l’absorption des micronutriments. Depuis, je suis un régime strict sans gluten, lactose et sucre mais je suis toujours limité au niveau de mes entraînements. Je roule juste pour maintenir une certaine condition physique pour ne pas aggraver mon état.

  • Cette année, tu restes dans le même club. Ce dernier va fusionner et se nommer le Team Cycliste Azuréen. Peux-tu nous apporter plus de détails sur cette nouvelle équipe ?

Les deux clubs ne fusionnent pas (le VS Hyères et le SC Nice), c’est une entente au niveau des coureurs en première catégorie et en deuxième catégorie Espoirs qui vient d’être créée. L’objectif étant de maintenir une DN en Côte d’Azur pour que les coureurs régionaux continuent à se former chez nous une fois sortis des Juniors. Cette année, on sera 18 coureurs dont 11 en première catégorie, ce qui permettra par rapport à la saison dernière de faire d’avantage tourner l’effectif.

  • Tu espères donc un retour à la compétition dès que possible…

C’est l’objectif, mais je dois d’abord définitivement me débarrasser de la candidose sinon à un moment ou un autre de la saison elle risque de ressortir. Donc je n’ai pas de date de reprise programmée, même si je fais tout pour recourir le plus rapidement possible. Ҫa ne sera surement pas avant avril ou en mai.

Parallèlement à ta carrière cycliste, tu as suivi une formation pour devenir entraîneur. Quelles ont été les raisons de ce choix et les différentes étapes à effectuer pour avoir un statut officiel ?

J’ai toujours aimé la biologie, la physio et aimant le sport, après mon bac je me suis orienté vers STAPS, ne sachant pas trop si je voulais faire entraîneur ou prof d’EPS. Les cours ainsi que les stages m’ont vraiment décidé à me tourner vers l’entraînement. Je trouve que la relation entraîneur / entraîné est beaucoup plus intéressante que la relation professeur / élève.

J’ai donc suivi une licence STAPS entraînement sportif entre la fac de Gap et celle de Grenoble. Même si ce diplôme est assez complet au niveau de la préparation physique ou de la physio, il ne permet pas d’entrer dans les détails de l’activité cycliste. De plus, il n’est pas reconnu par la FFC. J’ai donc passé entre 2015 et 2016 le DEJEPS cyclisme traditionnel, qui lui est reconnu par la FFC. Il a également été un bon complément de ma formation universitaire notamment par les échanges qui ont eu lieu que ce soit entre les stagiaires de la promo ou avec les intervenants.

Une fois le diplôme en poche,  je me suis donc mis sous le statut d’auto-entrepreneur, sous le nom de Luc Coaching Cyclisme pour fournir des prestations de suivi de l’entraînement à distance et d’évaluation de la performance avec la possibilité de faire passer des tests de puissance (PMA, puissance max…).

  • Tu entraînes donc les catégories plus jeunes que toi ? Qu’est-ce que cela vous apporte mutuellement ?

Plus jeune et plus âgées aussi ! La plupart des relations entraîneur / entrainé permettent d’apporter quelque chose, mais travailler avec des plus jeunes apporte énormément au niveau de la motivation qu’ils transmettent et il faut souvent les canaliser. On ne dit pas motivé comme un cadet pour rien !

  • La préparation mentale est tout aussi importante que le physique. Que peux-tu nous dire à ce sujet ?

Il est clair que souvent les résultats viennent une fois qu’il y a eu le saut d’un verrou mental. Et cela joue également dans la production des résultats. Comme pour le physique, tout le monde est différent par rapport à cela. Mon rôle en tant que coach, notion qui au contraire de celle d’entraîneur prend également ces à côtés-là, est donc d’aider l’athlète à évoluer par rapport à cela.

Ҫa passe par des conseils, du discours positif que cela soit de mon côté, et surtout par la transformation de son discours interne en discours positif également, par de la fixation d’objectifs de qualité. Il existe d’autres facteurs sur lesquels la préparation mentale peut intervenir (relaxation, auto-hypnose, imagerie mentale) Dans ces cas-là, je conseille de s’adresser à un préparateur mental en particulier pour apprendre à utiliser ces techniques.

  • Tu résides actuellement près de Sisteron. Est-ce que tu conseillerais aux cyclistes amateurs et aguerris de venir rouler sur tes routes d’entraînement ?

Ce sont de superbes routes d’entraînement ! En s’éloignant des grands axes, il est facile de faire des sorties de trois heures sans croiser plus d’une dizaine de voitures. Si l’on veut de la tranquillité et bénéficier de différents paysages sur une même sortie c’est possible, Sisteron étant à la limite entre la Haute-Provence, la moyenne montagne.

Á côté de chez moi, j’ai tous les types de parcours, du plat au col de 18 kilomètres avec la montagne de Lure, en passant par de nombreux petits cols. Même si ce n’est pas de la haute montagne, il est possible de faire des sorties de 150 kilomètres avec plus de 3000 mètres de dénivelé sans dépasser les 1200 mètres d’altitude. L’inconvénient est que comme il y a peu de population, il est difficile de trouver du monde avec qui rouler. Il ne faut pas avoir peur de faire des kilomètres pour pouvoir rouler en groupe.

  • De ce fait, tu ne peux pas souvent rouler avec ton équipe ?

Les sorties avec mon équipe se limitent aux quelques regroupements pendant l’hiver et aux veilles de courses. Le reste du temps, je m’entraîne souvent seul ou je vais rouler avec un groupe d’amis à Digne-les-Bains.

  • Qu’aimes-tu faire lorsque tu n’es pas sur ton vélo ?

J’aime bien les autres activés d’extérieur comme la randonnée ou l’escalade. D’un côté plus reposant, j’aime passer du temps en famille ou avec des amis. Depuis peu, j’ai un chien et j’adore passer du temps avec lui-même si ce n’est pas non plus de tout repos.

  • On te remercie et on te souhaite un très bon rétablissement et une belle réussite dans tes projets.

Rédigé par

Natacha Cayuela - Coordinatrice pour cyclistes

Passionnée de vélo depuis ses dix ans, Natacha est la fondatrice du site qui ravitaille le cyclisme. Elle est également l'auteur du roman La Bonne échappée, où l'univers de la Petite Reine est mis à l'honneur.