Alexis Guerin passe des Déboires aux Victoires

Un quotidien animé entre Proches et Vélo

  • mercredi 28 juillet 2021

L’an passé, il nous a raconté son confinement de l’intérieur. Depuis, il s’en est passé des kilomètres en course comme à l’entraînement ! Toutefois, nous n’avons pas manqué de remarquer qu’avec sa Team Vorarlberg, Alexis Guerin s’est déjà imposé à plusieurs reprises cette saison, après s’être remis de vilaines blessures. Ce qui nous a donné envie de retourner à sa rencontre pour concocter cette nouvelle recette pétillante !

 

Photo : Morgane Bezannier

 

  •  Toutes nos félicitations Alexis ! Pour bien comprendre comment tu es parvenu à de si bons résultats, peux-tu nous raconter ta première partie de saison ?

La première partie de saison est une vraie série Netflix ! Mon fils est arrivé le 10 décembre, le Covid fin janvier, une première grosse chute en Croatie au mois de mars. Avril : l’apothéose avec le petit passage aux urgences de Tours lors de la Roue Tourangelle.

Ensuite, ce fut plus « agréable » : un long stage en altitude, de gros efforts en course pour avoir une grande condition à partir du mois de juin. C’était une période difficile mais ça m’a rendu plus fort, plus déterminé, plus concentré.

 

  • Que s’est-t-il passé ce jour où a eu lieu la Roue Tourangelle puis les suivants ?

Il s’est passé le final du feux d’artifice de malchance, après ça plus rien ne pouvait être pire ! Ce jour-là avait pourtant bien commencé mais dans le final de l’épreuve, tout a basculé. Un coureur chute devant moi et boom ! Le trou noir complet ! Je reprends conscience quelques secondes dans l’ambulance je ne sais plus comment je m’appelle, comment se nomme mon fils, ma femme… Le médecin me dit : « Ne t’endors pas, ne ferme pas les yeux… ! » Je ne sais absolument pas ce qui se passe ! je leur demande : « Contactez mon père, je crois que son numéro est le… ». Puis pouf, je perds de nouveau connaissance.

Je reprends conscience quelques heures plus tard aux urgences, la mémoire revient petit à petit. Je passe de nombreux examens. Le docteur vient à moi et me dit que le premier bilan est compliqué, que je vais devoir rester la nuit complète en observation et que par la suite, il va falloir que je reste dix jours en surveillance H24 !

Dans la nuit, le médecin m’autorise un retour à mon domicile à condition d’avoir quelqu’un H24 durant dix jours autour de moi. Arrivé chez moi, j’effectue de nouveaux examens. Le verdict est un peu moins grave que prévu : trauma crânien, perte prolongé de mémoire, saignement cérébral, double fractures à l’os profond du nez, un point à l’arcade, luxation acromio-claviculaire, fracture de l’épaule, légère luxation rotulienne.

Après dix jours complets sans activité soutenu par ma compagne, mon fils et la famille, je me rétablis beaucoup plus vite que prévu ! Je reprends sur home-trainer pendant dix jours (merci Zwift !). Puis j’enchaîne avec une semaine sur route après quoi je suis allé seize jours en altitude. Ce fut une épreuve incroyablement difficile mais avec ma femme et mon fils à mes cotés, cela m’a rendu fort et m’a permis de passer un cap mental, de surmonter les moments difficiles !

 

  • Ton séjour en Autriche pour la Oberösterreichrundfahrt t’a très bien réussi ! Tu nous donnes des détails ?

Nous étions deux leaders : Adria Moreno et moi. Le deuxième jour, on se retrouve tous les deux devant avec l’ensemble des favoris à 25 kilomètres de l’arrivée. Je sors mais me fait reprendre à 80 mètres de la ligne. Oui : 80 mètres !

Le lendemain, la stratégie était de me protéger au maximum jusqu’au pied de l’ultime ascension. L’équipe a fourni un travail incroyable, à l’approche du col, ça roulait vraiment très vite : entre 55-60 kilomètres-heure. Ça frottait énormément mais l’équipe c’est mis à fond et je débute la montée dans les dix premières positions. Ce fut royal après ça, c’était un peu plus « simple » ; j’ai couru avec la tête, fais les efforts au bon moment pour aller chercher la cerise au bout de l’effort !

 

  • Puis tu as confirmé ta superbe forme en t’imposant en Roumanie, lors du Sibiu Cycling Tour ! On peut dire que le fait d’avoir levé les bras le mois précédent t’a permis d’avoir un déclic ?

Lever les bras en Autriche m’a apporté beaucoup de confiance, d’assurance… c’était une course où j’ai suivi mon instinct avec encore une fois une équipe incroyable qui a fait le boulot parfait pour Roland Thalmann et moi ! Tout ceci, c’est aussi en partie grâce à un entraîneur qui, la veille des courses et tout au long de l’année me formate à n’avoir seulement que la gagne en tête comme possibilité, avec les valeurs et qualités que je montre lors de chaque tests !

 

Photo : Sebastian Marcovici

 

  • Peux-tu nous présenter ton équipe, la Team Vorarlberg ?

L’équipe est composée de plusieurs nationalités mais nous avons tous cet amour pour la gagne quelque que soit la course, nous utilisons nos armes pour jouer la gagne ! L’ambiance dans le groupe est saine, on s’amuse et prend énormément de plaisir ensemble à se battre ensemble pour faire briller le maillot ! Le plus important, c’est le maillot et ça permet aussi d’être décontracté et prêt à tout donner pour que l’on gagne…

 

  • Désormais, place à la suite de la saison ! Tu viens de participer au Tour d’Alsace où tu as remporté le classement du meilleur grimpeur. Puis tu seras aligné au Tour de Savoie Mont-Blanc, que tu as terminé sur la deuxième marche du podium l’an passé. Quels sont les objectifs pour l’équipe et pour toi personnellement ?

L’objectif de l’équipe est de réaliser la plus belle course possible en donnant le maximum pour performer et n’avoir aucun regret. Le mien, c’est de me faire plaisir et donner le maximum pour que l’équipe brille, la suite on verra au briefing, jour après jour.

 

En compagnie de Maxime Agut, avec le maillot de meilleur grimpeur du Tour d’Alsace – Photo : Chloé Haverlant

 

  • Et ensuite, quelle est ta vision pour la fin de saison puis la prochaine ?

Ma vision pour le moment s’arrête au Tour de Savoie Mont-Blanc. Nous n’avons pas encore défini la suite avec mon équipe. Avant de penser à la saison 2022, il y a surtout une saison à terminer puis ensuite, je vais récupérer et profiter de mon fils et ma femme.

 

  • Avant le Tour d’Alsace, tu as effectué un stage à Font-Romeu avec tes proches. Comment y étaient rythmées vos journées ?

C’était un stage intense avec beaucoup de rythme et de dénivelé ! Une journée type :
– Debout 7H00 changement et toilette de mon fils Liam puis balade avec Maika (le chien).
– 7H30 : petit-déj en tête à tête avec Liam.
– 8H30 : Liam va avec maman qui a essayé de récupérer de sa nuit mouvementée avec Liam. Léa berce Liam pour un petit dodo de matinée et moi je vais me préparer pour l’entraînement.
– 9H30 : je pars m’entraîner.
Au retour de l’entraînement, on va se balader tous ensemble après ou pour la collation. Puis au retour préparation du repas, le repas, petits étirements et au dodo pour récupérer.

 

Photos : Léa Ducros

 

  • Tu as levé les bras à deux reprises avec le même geste, que signifie-t-il ?

Le geste est un symbole d’amour pour mon fils et ma femme. Mais c’est aussi un doigt vers le ciel pour remercier des personnes qui ne sont plus là aujourd’hui et qui sont importantes pour moi : Dominique Arnaud, Sydney Hayoun et mon grand père. Trois personnes incroyables sans qui je ne serai pas là !

 

  • Dans tout ça, parviens-tu as avoir du temps pour toi et tes proches comme tu nous l’expliquais l’an passé ?

Entre mes blocs de course, ma compagne et moi prenons du temps ensemble, nous sommes parents c’est important que notre fils passe du temps avec son papa. Ça demande une organisation ; nous y arrivons et nous sommes heureux de voir notre Liam s’épanouir, ça m’apporte une force incroyable de les savoir heureux !

 

  • Lorsqu’on pourra enfin reprendre une vie totalement normale après l’épidémie, où aimeriez-vous voyager et pourquoi ?

Pour cette année ce sera compliqué, nous avons des projets d’aménagements du jardin et du garage qui vont me demander du temps mais nos prochaines destinations vacances seront la Californie pour visiter la famille et le Canada pour voir des amis… Ce sera l’occasion également de voir une culture de vie que je n’ai jamais eu l’occasion de voir. J’ai déjà hâte de vivre cette expérience avec mes deux amours !

 

Maika, la mascotte toujours aux premières loges ! Photo : Léa Ducros

 

Merci à Alexis Guerin pour nous partagé à nouveau son quotidien. On te souhaite de poursuivre sur ta très bonne lancée tout en continuant à bien profiter de tes proches !

Rédigé par

Natacha Cayuela - Coordinatrice pour cyclistes

Passionnée de vélo depuis ses dix ans, Natacha est la fondatrice du site qui ravitaille le cyclisme. Elle est également l'auteur du roman La Bonne échappée, où l'univers de la Petite Reine est mis à l'honneur.