Derrière chaque coureur, au féminin comme au masculin, pro comme amateur se cache une histoire, et avant tout un être humain. Faits logiques, que l’on a parfois tendance à mettre de côté en faveur des performances purement sportives et des résultats. Cela nous fait d’ailleurs penser au roman Équipiers de Grégory Nicolas, évoquant les valeurs humaines au-delà des apparences.
Ce mets est dans la même lignée ! Et pour le concocter, nous sommes allées à la rencontre d’un cycliste qui conjugue le sport autrement, à sa manière. Auto-entrepreneur en plus d’aimer se faire autant de mal que de bien sur son vélo, il a décidé de fusionner sa passion et sa vocation afin d’en faire son métier, et ainsi proposer tous ses talents à ses clients.
Cette personne, c’est Andréa Costa. À peine dépassé les vingt années, et déjà à la tête de sa propre société : SPORT COM’. Il va nous raconter !
- Bonjour Andréa, commençons ce Plat en douceur, au bord de l’eau. Tu résides en Haute-Savoie, ce qui te permet d’accéder facilement aux montagnes autour et aux lacs pour te ressourcer. Parles-nous un peu du cadre de vie dont tu disposes.
J’ai grandi sur les bords du Lac Léman à Evian. À l’âge de 16 ans, j’ai quitté le cocon familial pour rejoindre Saint-Etienne et son Pôle Espoir (sport études) dirigé par Dominique Garde. J’ai terminé mes études en juin du côté de Chambéry et son lac du Bourget.
En Savoie ou en Haute-Savoie, j’adore rouler aux bords du lac ou aux cols avec panorama. Je ne me lasse pas de faire des photos… La vue m’apaise. Cadre idyllique mais plutôt calme contrairement à la méditerranée. Et puis les montagnes… il y a de quoi faire en vélo ! Les routes sont souvent prisées par le Tour de France.
Entre lac et montagnes, une région appréciée par mes amis cyclistes… C’est là que je me rends compte que je suis plutôt chanceux.
- Dis-nous, entre le vélo et toi, comment tout a commencé, puis s’est déroulé ?
L’histoire a commencé lorsque j’avais six ans. Mon père pratiquait et je l’accompagnais. J’ai toujours couru tous les week-ends. Les étés, nous allions en camping-car suivre le Tour de France avec des amis. En cadet, les résultats étaient encourageants. Puis j’ai rejoint à l’âge de 16 ans le centre de formation à Saint-Etienne. J’ai découvert la préparation pluridisciplinaire (natation, course pieds, musculation, cyclocross…) et pu accéder au haut niveau dans les rangs juniors. C’était l’époque du vélo plaisir avec les copains.
La suite chez les élites (deux ans à Vaulx-en-Velin DN1, deux au CR4C Roanne DN1 et cette année à Charvieu en DN2) a été plus compliquée… Il y a eu quelques hauts mais aussi beaucoup de bas liés à des blessures (opération de l’artère iliaque en août 2015, blessures à répétition au genou dont une opération en février 2018 et une « rechute » au début de saison 2019…) et à quelques mauvaises décisions… Étudiant, ce n’est vraiment pas facile d’évoluer à ce niveau qui demande aujourd’hui les mêmes exigences que chez les pros… D’ailleurs beaucoup sont d’anciens professionnels.
J’ai privilégié mon développement professionnel. C’est un choix. Chacun doit avoir connaissance de ses aptitudes.
- Peux-tu nous résumer tes précédentes saisons et nous parler de cette année ?
Depuis tout petit, j’ai toujours évolué aux seins d’équipes de copains… Le collectif a d’ailleurs souvent brillé. J’ai remporté la Coupe de France des départements avec la Haute-Savoie en cadet, la Coupe de France junior avec Auvergne Rhône-Alpes, ou encore je faisais partie du CR4C Roanne qui a remporté la Coupe de France DN1 l’an dernier. Les années en junior restent les meilleures : la semaine au Pôle Espoir de Saint-Etienne et les week-ends avec le CR4C Roanne. Nous avions une sacré équipe…
J’ai fait quatre ans ensuite en DN1 et estime avoir participé à une grande partie des plus belles courses du calendrier amateur français. Je me souviens de Bordeaux-Saintes remporté par Alexandre Paccalet lorsque j’étais à Vaulx-en-Velin. Nous avions borduré avec Vendée U. Je me souviens aussi du Tour d’Alsace avec les professionnels l’an dernier. Il a fallu aider Geoffrey Bouchard à défendre son maillot le dernier jour.
Je me suis fait plaisir. Cela aurait pu être mieux sportivement sans les études et les blessures mais j’ai vécu des beaux moments, entre copains. Tous les wee-kends, les déplacements sont loin. On ne compte pas les heures de camion…
- Au-delà du vélo, il y a ta start-up ! D’où t’es venue l’idée de la créer ? Pourquoi cela te tenait tant à cœur ?
J’avais plusieurs options pour faire mon master mais celui proposé à l’INSEEC Chambéry (Master Marketing Management du sport) me paraissait le plus intéressant mais il était en alternance. Trouver une entreprise conciliant mon activité sportive n’était pas évident. J’ai pris les devants en me lançant… Un peu dans l’inconnu. À la base, c’était simplement pour me permettre de valider mon diplôme avec quelques prestations et puis… en bon compétiteur l’ambition est un peu montée !
- Du projet à la concrétisation, quelles ont été les étapes que tu as gravées ?
J’ai été accompagné par mon école INSEEC Chambéry afin de structurer mon projet (étude de marché, prévisions financières, stratégie commerciale…).
Si au début j’ai accompli des démarches de prospection (peu concluantes), les clients sont venus par eux-mêmes pour des « petites » prestations. Les bonnes rencontres ont ensuite fait le reste. La chance ? D’autres diront qu’il faut la provoquer. Je pense notamment à Sébastien Medan qui regorge de projets sportifs dans le Chablais ou à Philippe Colliou, à la tête d’Alpes Vélo qui organise notamment le Tour de l’Avenir.
- Tu nous présentes SPORT COM’ plus en détails ?
SPORT COM’ c’est un peu à la carte… De l’administration générale d’un événement à la coordination d’équipes en passant par la communication (réseaux sociaux, print…) et le marketing/commercial (recherche de sponsors, activations, expérience participants, développement de l’image, merchandising…).
J’apporte une vision stratégique puis opérationnelle. Avoir évolué en haut niveau récemment me permet de cerner les attentes et d’avoir vu de l’intérieur de nombreux événements.
Dernièrement, j’ai travaillé sur le Tour de l’Avenir. De nombreux entités interviennent (prestataires, producteurs, partenaires, collectivités, coureurs, fédérations…). Leur satisfaction et leur reconnaissance m’encouragent à persévérer.
- Ce qu’il y a de super dans ton métier, c’est que tu as réussi à trouver ta place dans le milieu du cyclisme, même chez les pros ! Quelles y sont tes missions ?
Pour le Tour de l’Avenir :
• Commercial : relation avec les partenaires et villes étapes/activations/recherche/travail des offres proposées.
• Marketing : « expérience coureur » (somme de petites attentions) travail sur l’image de la course/développement des animations et de la caravane.
• Communication : hors période de course > gestion des réseaux sociaux, préparation des différents supports print et terrain ; durant la course je coordonnais plus ou moins une équipe de six.
Sur cette course, j’ai aussi eu la chance de voir évoluer mes amis… Simon Guglielmi, Maxime Jarnet ou encore Jocelyn Guillot. Ça met le petit frisson en plus d’autant qu’ils ont bien performé ! Ce fut une belle expérience. Le niveau sportif est impressionnant. Ce sont les champions de demain…
- Autre bel exemple, tu as aussi apporté tes expertises lors du Tour de l’Ain, ce qui t’a permis de rencontrer de près un certain Alberto Contador au Parc des Oiseaux ; la classe ! Tu nous racontes ce week-end ?
Le Tour de l’Ain c’est aussi Alpes Vélo, organisateur du Tour de l’Avenir. Le Parc des Oiseaux est partenaire de la course et souhaitait Alberto Contador comme ambassadeur à l’année. Alberto Contador était aussi un bon moyen de booster le public du Tour de l’Ain et de sa cyclosportive dont il a participé.
Après quelques rencontres à Madrid, mon rôle était de faire que son passage en France se passe au mieux. Un week-end plutôt cool donc… Chauffeur, bagagiste, guide touristique, assistant mécano c’était sympa à vivre. Quand on voit la demande du public à chacun de ses déplacements, je me dis que je suis un peu privilégié !
- Avec plus d’un an et demi d’existence, et en prenant du recul, comment résumerais-tu l’évolution de ton projet devenu réalité ?
Durant mes études, je n’avais aucune pression de résultat. J’ai fait des superbes rencontres avec des professionnels du secteur et des personnalités. À chaque fois, j’ai travaillé sur des projets où j’avais quartiers libres et sur des domaines larges et variés. Je n’hésite pas à mettre la main à la pâte !
- Quelles sont les perspectives de développement que tu envisages à court et long terme pour SPORT COM’ comme ta propre carrière cycliste ?
Pour ma « carrière » cycliste les plus belles années sont derrière… quoi que ! Je vais mettre la notion de plaisir avant tout en 2020. J’aimerais bien faire des cyclosportives montagneuses proches de chez moi. Je vais vite me prendre au jeu…
Pour mon activité professionnelle, c’est une année test. J’ai plusieurs sollicitations, à moi de prendre les bonnes décisions. Je vais m’orienter vers des projets qui me correspondent : ma région ou ma passion. Dans le scénario idéal, un peu de main d’œuvre supplémentaire sera nécessaire assez rapidement !
- Pour suivre tes futures performances lors des cyclosportives, on te conseille d’utiliser l’application de notre partenaire Otakam ! Qu’est-ce qui te pousse à innover et te donne envie de te dépasser ?
Otakam est une start up avec qui j’apprécie discuter. Avec l’aide de la FFC, l’application va forcément prendre encore plus d’importance.
Question d’éducation peut-être. Je sors souvent des sentiers battus… J’ai envie de me donner les moyens d’avoir la vie que je souhaite. Je n’ai pas peur d’échouer du moment où on peut rebondir.
- Même quand on aime ce que l’on fait, parfois (voir même régulièrement) une pause s’impose ! Qu’aimes-tu faire pour te ressourcer ?
Me reposer ? Ne connais pas…
- Nous sommes en pleine Vuelta alors profitons-en ! Quels sont tes pronostics pour la victoire finale comme pour les coureurs qui surprennent et se révèlent ?
Roglic sera dur à battre mais au même stade du Giro, il était dans la même position. (il finira finalement 3ème). Cette fois, il a une grosse équipe avec lui. Sinon j’ai toujours les yeux rivés sur Valverde. Il m’a fait aimer le vélo. L’année 2006… c’était de la folie et il avait la classe. J’avais la panoplie complète et ne manquais pas la sortie du bus ou de l’hôtel.
Sinon je regarde avec attention ceux avec qui j’ai couru… je pense à Dorian Godon mais aussi Geoffrey Bouchard. Il ne sera pas loin du maillot à pois. On a mangé ensemble avant la Vuelta… Il m’avait confié être pas trop mal.
- Un dernier mot pour la fin ?
Ne jamais se fixer de limites.
Merci à Andréa Costa pour ce savoureux mets détaillé ! Nous te souhaitons à toi comme à SPORT COM’ une belle poursuite dans ton évolution !