En caravane pour un Tour avec Jules Pijourlet

Des jus de fruits et des sourires

  • mardi 2 août 2016

Vous êtes toujours mélancoliques de la fin du Tour de France ? Voici du rab ! Mais cette fois, on va se détourner de la course et des coureurs, et nous allons prendre de l’avance sur le peloton. Indissociable de la Grande Boucle, la caravane du Tour fait partie de la fête pendant ces trois semaines de juillet. Avec le pistard et le montagnard qu’est Jules Pijourlet, entrons dans les coulisses de la marque Pressade, avec qui il a ravitaillé les spectateurs sur le bords des routes.

  • Bonjour Jules, avant de nous raconter ta grande aventure, si tu nous parlais un peu de toi ? 

Que dire ? Je suis étudiant en master 2 d’Equipement Protection et Gestion de la Montagne à l’université de Savoie Mont Blanc. Pour quoi faire ? En fait, ce master prépare à des métiers qui touchent de près ou de loin à la montagne. On pense aux stations de ski évidement mais aussi aux parcs naturels, à la gestion de l’eau, aux activités touristiques… J’ai deux grandes passions : le cyclisme et la montagne. J’ai la chance de pouvoir vivre mes deux passions à fond. Le vélo avec mes six années au plus haut niveau amateur, et la montagne vers laquelle je me dirige pour mon avenir professionnel.

Je suis un grand joueur, un grand déconneur et un bosseur.

  • Comment se passe ta saison cycliste ?

Ma saison cycliste est pour l’instant calme. Cette année je me consacre uniquement à la piste. J’ai participé aux championnats Rhône-Alpes Auvergne en février, puis à quelques manches des challenges régionaux sur piste, mais maintenant je me prépare pour les championnats de France sur piste qui auront lieux à Bordeaux début octobre. Si je suis sélectionné évidemment !

  • Tu as donc participé à la caravane du Tour avec Pressade. Comment as-tu fais pour en arriver là ?

Tout simplement en postulant auprès des agences qui gèrent les caravanes pour les marques. J’ai envoyé CV et lettre de motivation en début d’année. J’ai ensuite reçu un appel du chef de projet de l’agence pour laquelle j’ai travaillé. Puis j’ai fait un aller-retour à Paris afin de réaliser un entretien avec le chef de projet et la responsable de la marque Pressade/Teisseire que j’ai représenté par la suite.

Quelques jours après, j’ai de nouveau reçu un coup de téléphone m’annonçant que j’étais pris ! J’étais très content mais je ne me rendais pas trop compte que j’allais participer au Tour. De février à juillet, l’attente a été longue. Même quand tu es enfin convoqué deux trois jours avant le grand départ, tu ne te rends pas bien compte de ce qui va se passer. Mais après c’est énorme.

  • Est-ce que tu connaissais d’autres personnes de l’équipe ou dans la caravane avant le départ du Tour ?

Absolument pas… enfin je ne le savais pas. En effet, la veille du départ j’ai reçu un message de Manon Chanal, la fille de l’organisateur des regrettés Six Jours de Grenoble, que je connaissais sans plus, mais que j’ai croisé chaque année durant cette épreuve. Elle travaillait  dans la caravane pour une autre marque que Pressade, mais c’était sympa d’avoir quelqu’un de connu sur les routes du Tour de France. Nous sommes devenus amis durant cette expérience et même si on ne se voyait pas  tous les jours, on pouvait partager nos impressions, savoir ce qui se passait pour les uns et les autres dans la caravane. Sur le Tour, même si on fait beaucoup de superbes rencontres, un visage familier rassure toujours.

J’ai croisé aussi dans l’organisation du Tour de France des coureurs avec lesquels j’ai couru, et puis je connaissais certains kinés ou chauffeurs de bus des équipes, mais nous n’avions pas le même rythme sur le Tour, il était difficile de se voir !

  • Qu’as-tu ressenti au tout premier départ ?

Vous allez surement rire, mais le jour du grand départ j’étais en repos… En effet, le Tour possède deux jours de repos officiels, mais le code du travail oblige deux jours de congés supplémentaires, et en fonction des roulements, pour moi, c’est tombé le premier jour ! Mais j’étais sous pression au début, A.S.O. possède des règles très strictes concernant la sécurité et l’organisation de la caravane et met bien l’accent dessus, c’est bien normal. Du coup, au début quand on ne sait pas trop où on nage qui plus est dans cette organisation de fou, planifiée à la minute près, l’erreur n’est pas permise et le stress est présent. Après j’étais très content et surtout impatient de commencer. Nous avons été convoqués trois jours avant le grand départ pour préparer les véhicules, assister aux différentes réunions prévues… on avait alors qu’une envie : commencer !

  • Puis au fil des étapes et des kilomètres ?

Après, une fois qu’on a compris comment ça se passait et qu’on s’est bien habitué à l’organisation, là c’est le rêve. Je pensais qu’une routine allait s’installer, une lassitude aussi, mais en fait elles ne sont jamais arrivées. Chaque jour a été différent : l’étape, le transfert, le public, tout change au fur et à mesure des étapes, ce qui empêche la monotonie de s’installer mais ce qui fait aussi que le Tour passe en un éclair…

  • Comme pour les coureurs, la météo a parfois été capricieuse…

Oui, c’est sûr, la météo n’était pas de la partie ! Il a fait froid, nous avons pris la grêle aussi, mais j’avais la chance d’être dans un dispositif où il m’était possible de m’abriter, je n’ai donc pas  eu trop à me plaindre. Et puis, on a eu la chance de pouvoir se changer en cours d’étape et d’ajuster en fonction de la chaleur et du temps, ce qui est plus compliquée pour les coureurs !

  • Comment s’est déroulée une journée type, du petit matin jusqu’au soir ?

Comme je le disais, je n’étais pas vraiment en caravane. Avec Pierre-Alexis, mon coéquipier, je partais deux heures avant pour animer des points spéciaux et créer une interaction entre le public et les caravaniers de Pressade et Teisseire. Puis je faisais de la distribution de jus de fruit Pressade sur la ligne d’arrivée durant l’heure précèdent la caravane publicitaire.

Donc pour moi une journée type :

  •  Entre 5h et 6h lever. Sauf le jour du chrono de Bourg St Andéol, on s’est levé à 4h15, ça pique ! Quelques fois, on s’est levé à 8h, c’était la grosse grasse mat’ !

  • Ensuite petit déjeuner et transfert jusqu’au parking technique. En moyenne entre 45 minutes et 1h15 de trajet. Le plus long, sauf celui vers Paris, a été de 2h15.

  • Là, on déposait donc les copains au parking technique, nous amenions au départ de l’étape les animateurs sur les chars et les conducteurs des véhicules ne roulant pas sur route ouverte. Ils commençaient le chargement des chars Pressade, pendant que mon collègue et moi nettoyions notre véhicule. Quand il nous restait un peu de temps, nous aidions au chargement des chars.

  • Puis nous partions pour l’étape. On avait environ 1h30 à 2h d’avance sur la caravane. Durant l’étape, nous faisions une dizaine d’arrêts pour créer cette fameuse ambiance ou faire une dégustation de jus de fruit Pressade ou de sirop Teisseire.

  • Ensuite, sur la ligne d’arrivée, on distribuait pendant environ une heure des briquettes de jus de fruit Pressade au public. Un quart d’heure avant l’arrivée de la caravane, nous retournions au véhicule pour ranger et aller au parking technique de l’arrivée pour récupérer les copains.

  • Nous retournions à l’hôtel (idem que pour l’aller environ 45 minutes à 1h15 avec 2h30 le soir de l’arrivée à Le Lioran qui fut, avec celui de Paris de 5h30, le plus long), et enchainions directement avec le chargement de notre véhicule pour le lendemain.

  • Nous finissions en général entre 19h et 19h30 : douche, pause entre amis, repas à 20h30, parties de cartes certains soirs, coucher vers 23h… Pas de grosses fêtes répétées contrairement à ce que tout le monde croit, pour la simple et bonne raison que tout le monde est crevé !

  • En passant sur les routes avant les coureurs, est-t-il possible de suivre la course ?

Oui et non. Dans mon équipe, on était pas mal de cyclistes et si nous arrivions à l’hôtel avant la fin de l’étape on la regardait. Sinon on suivait à la radio, quand on captait ! Mais impossible de suivre vraiment le général et les classements annexes ou encore ce qui c’était passé durant l’étape. Une fois la ligne franchie, on retournait au travail.

  • Est-ce que tu as pu rencontrer les coureurs ?

Une fois seulement, à l’arrivée à Andorre Arcalis, on les a croisés. Mais, pas le temps de discuter, d’abord parce qu’ils rentrent se reposer ou qu’ils sont assaillis par les journalistes. Et puis parce que nous devons rester prêts à partir pour l’évacuation qui nécessite beaucoup de réactivité.

  • As-tu des anecdotes à nous raconter ?

Ce qui était vraiment marrant sur ce Tour, c’est que nous avons fait des connaissances avec des spectateurs qui suivaient tout le Tour. L’arrêt-café est devenu, chez certains, une habitude et c’était des moments super sympas !

La meilleure anecdote reste quand même le mariage organisé par Pressade à l’arrivée à Revel. En fait mon coéquipier et moi,  nous avions à nous occuper, de l’accueil des mariés et de l’installation et du rangement des chaises pour la cérémonie, qui s’est déroulée en fin de matinée sur le podium protocolaire. On récupérait les chaises au relais-étape et nous devions les ramener après le passage de la caravane, en passant par l’itinéraire bis qui ne prenait pas l’itinéraire course.

Tout s’est bien déroulé jusqu’au moment du retour… Après avoir ranger les chaises et fait l’animation et la distribution sur la ligne d’arrivée, alors que nous étions de retour au véhicule pour rejoindre le relais-étape, j’ai reçu un coup de téléphone de notre responsable presse me disant : « Jules tu dois ramener ce soir à l’hôtel le tandem que les mariés ont utilisés pour arriver ce matin à la cérémonie ». Comme nous avions trente-cinq chaises dans le coffre et que nous ne pouvions pas laisser le tandem et encore moins revenir le chercher sur la ligne pendant l’arrivée des coureurs, je lui réponds : « pas de soucis, les véhicules de la caravane Pressade doivent aussi rejoindre le relais- étape pour fêter le mariage, Pierre-Alexis prendra le camion et moi je les suis en vélo. On dépose les chaises et on charge le tandem ».

Les véhicules Pressade passent, je les suis sur mon tandem, seul,  à bloc… Mais au bout d’un bon kilomètre, les directions suivies ne m’allaient pas… Je me suis arrêté et j’ai appelé mon chef caravane, qui me dit : « Ah mais non, changement de programme, l’itinéraire bis n’existe pas, les véhicules rentrent directement à l’hôtel (à Toulouse, 55 minutes de voitures)… »

Malaise, je suis incapable de retourner au relais- étape sans passer par la course. Je rappelle la responsable presse, en lui demandant comment faire, par où passer, et là j’entends gentiment : « Honnêtement je ne sais pas, débrouille-toi, on te fait confiance… ».

Petite analyse, pas le choix, j’ai donc ramené le tandem seul, au relais-étape qui était à sept kilomètres de la ligne d’arrivée, au sommet d’un Grimpeur de deux kilomètres, sur route fermée, blindée de monde, 45 minutes avant le passage des coureurs… Je n’ai jamais été autant encouragé !

  • Quel bilan fais-tu de cette sacrée expérience ?

Je voulais faire le Tour de France, je l’ai fait ! Pas comme je l’espérais, c’est sûr, mais c’est une expérience de vie unique, remplie de rencontres, de découvertes du milieu marketing/communication qui m’était complètement étranger, de découvertes de paysages, du public, de gestion des goodies, de gestion des hôtels, transferts, etc. En fait, cela ressemble beaucoup à l’organisation d’une équipe cycliste, à la différence que le matin est très occupé, que la journée on ne pédale pas, et que le massage du soir est remplacé par du chargement. Mais pour le reste c’est pareil !

J’en suis très fier aussi parce que pour quarante places chez Pressade / Teisseire, il y a un millier de CV envoyés et j’ai été recruté !

  • Quels sont tes futurs projets ?

Je vais maintenant préparer la sélection pour les championnats de France piste puis, si je suis sélectionné, les championnats. En septembre, je reprendrai aussi l’université pour ma dernière année de master 2 en EPGM, et par la suite je pense passer les B.E. cyclisme et ski de fond ainsi que le diplôme d’accompagnateur en montagne afin d’avoir toutes les cordes à mon arc pour vivre de mon autre passion qu’est la montagne !

Crédits photos : J. Pijourlet et Pressade

Un grand merci à Jules à qui nous souhaitons de bons résultats en piste et dans les montagnes.

Rédigé par

Natacha Cayuela - Coordinatrice pour cyclistes

Passionnée de vélo depuis ses dix ans, Natacha est la fondatrice du site qui ravitaille le cyclisme. Elle est également l'auteur du roman La Bonne échappée, où l'univers de la Petite Reine est mis à l'honneur.