La Gazette de Lucas Papillon – Étape 1

Étape 1 - Entre courses d'avril et présentation

  • jeudi 7 mai 2015

Tandis que les courses professionnelles s’enchaînent et que le Giro va bientôt débuter, la saison bat également son plein chez les coureurs amateurs. Parmi eux, il y a Lucas Papillon, qui vient de fêter ses 21 ans et qui ne manque ni de talent, ni d’ambition.

Nous avons choisi de le suivre au cœur du peloton, afin de vivre ses compétitions et de partager ses émotions.

 Avant de partir avec lui sur les routes empruntées au mois d’avril, faisons d’abord connaissance avec le coureur du membre du

CR4C Roanne

  • Bonjour Lucas, peux-tu nous raconter ton parcours ? d’où vient ta passion pour le vélo ?

Eh bien, mon parcours est assez simple. Je suis né dans une famille de sportifs donc la voie était déjà toute tracée.  Mon père était entraîneur de foot, mon frère y jouait, et y joue toujours à bon niveau. Mais moi, je n’ai jamais accroché. À l’âge de six ans, j’ai pris une licence dans un club de tennis. J’en ai fait pendant quatre années, mais ça manquait un peu d’adrénaline à mon goût. L’été, mon père faisait des randonnées VTT, je l’ai accompagné une fois et j’ai pris le virus. Je me suis inscrit dans un club de vélo (le VTT Loisirs Chalonnais) en catégorie Benjamins et c’était parti. C’est un très bon club formateur,  j’y suis donc resté jusqu’en Juniors 2.

Par la suite, j’ai intégré l’équipe Espoirs du team Vulco-VC Vaulx-en-Velin. J’ai commencé l’année en deuxième catégorie et avec de bons résultats, j’ai intégré la Division Nationale 1 durant l’été. L’an dernier, j’ai donc fait la saison entière en DN1, j’y ai beaucoup appris, notamment grâce à Regis Auclair qui apporte beaucoup à ses coureurs. J’y ai aussi côtoyé l’entraîneur Pierre Bourlot avec qui cela s’est très bien passé. J’apprécie ses méthodes, la qualité de son suivi et nous avions de bons retours ensemble. De ce fait, malgré le changement de club hivernal de cette année, je continue l’aventure avec lui!

Cette année, pour ma troisième saison chez les Espoirs, j’ai donc changé de cap en venant au CR4C Roanne. J’ai de suite accroché avec l’ambiance, l’atmosphère et la mentalité. L’intégration fut aisée, le club est proche de ses coureurs et aujourd’hui je m’y sens extrêmement bien.

  • Et maintenant, tu cours, et tu étudies ?

Oui, heureusement ! C’est insensé de stopper des études à mon sens…

Durant mes années lycée, j’ai intégré un sport étude (au lycée Emiland Gauthey de Chalon-sur-Saône) ce qui ma permis grâce à des horaires aménagées de pouvoir m’investir des deux côtés de façon sérieuse. J’ai néanmoins le regret de mettre trompé de filière, j’étais incertain en sortie de seconde, alors j’ai préparé un BAC Économique et Social alors qu’en terminale, je voulais finalement faire diététicien. J’ai eu mon BAC ES avec mention bien, mes bulletins étaient excellents et pourtant mais six premiers vœux pour des écoles de diététique ont été recalés pour le seul prétexte de ne pas avoir faire un bac S. Mon septième vœux, c’était STAPS. C’était une bouée de sauvetage mais les débouchés ne m’intéressaient pas. Il me restait néanmoins un moyen de faire la formation qui me plaisait, sous le format de cours par correspondance. J’ai hésité, puis je me suis lancé et je ne le regrette pas !

En 2014, j’ai validé ma premier année, et je suis donc en deuxième année de BTS diététique. Ce n’est pas facile tous les jours du fait de la correspondance, mais les études me plaisent réellement donc ça me permet de rester assidu. J’ai d’ailleurs fait un stage sur le terrain de trois mois et demi en hôpital cet hiver et j’ai réellement apprécié. De plus, pour concilier le cyclisme à haut niveau à côté c’est très pratique.

  • Quels sont tes objectifs à court et long terme avec et sans le vélo ?

Dans le vélo à court terme, j’aimerais vraiment remporter une victoire sous peu de temps, ça me démange ! J’ai progressé cette année, je joue avec les meilleurs sur les élites, et j’en suis tout à fait capable. Maintenant, il faut concrétiser. À long terme, comme tous cyclistes évoluant au plus haut niveau amateur je pense : passer pro ! Il est délicat de décrocher le graal, mais en tout cas je fais tout pour, chaque jour.

Outre le vélo, je me concentre sur l’obtention de mon BTS en fin d’année. Pour la suite, j’hésite à poursuivre avec une licence de perfectionnement. La finalité sera de trouver un poste plaisant dans un hôpital spécialisé. J’ai fait mon stage de terrain dans un centre thérapeutique spécialisé dans les pathologies liées à la nutrition, et obtenir un CDI dans une telle structure serait une réelle satisfaction. Une fois que j’aurais fait quelques années dans la vie active, pourquoi pas me mettre à mon compte, ou voir si je pourrais trouver un emploi conciliant diététique et sport de haut niveau. Mais tout ça est encore bien loin, et ça fait du bien de rester insouciant encore quelques temps !

  • Quel sont tes ravitaillements favoris ? (en selle comme au restaurant ?)

Sur le vélo, c’est les barres Mulebar ! Ce sont des barres énergétiques assez consistantes aux parfums vraiment originaux, je suis un fan inconditionnel. (Pour la petite anecdote, avec quatre copains, nous en avons fait une commande groupée de 220 barres pour la saison 2015). Sinon c’est pâte d’amande, Figolu, et gel énergétique… seulement quand je joue la gagne !

En dehors du vélo, je suis adepte du steak tartare, c’est mon plat préféré depuis tout petit. Accompagné de pomme de terre au four, et en finissant par un bon petit pudding rhum-raisin en dessert, j’ai mon menu parfait !

  • Est-ce que tu suis les coureurs professionnels régulièrement ?

Cela peut paraître étrange mais pas du tout. C’est peut-être parce que je passe déjà moi même beaucoup de temps sur le vélo et dans ce milieu. En tout cas à la maison, regarder du vélo n’est pas une priorité, même si je ne loupe pas pour autant une belle étape de montagne du Tour, ou un Paris -Roubaix, si ce n’est pas un jour où je cours moi même, ce qui est souvent le cas.

  • Quels sont les coureurs qui t’inspirent ?

Un coureur comme Nibali par exemple. Il ne se pose pas de question et n’hésite pas à prendre des risques. C’est un leader mais il n’hésite pas pour autant à faire la course, à tenter des chose de loin. Pour moi, c’est ça du beau vélo.

Après, non pas dans leur façon de courir, mais dans la manière dont ils arrivent à se focaliser sur un objectif et à contrôler tous les facteurs de la performance de façon irréprochable et cela sur la durée, Wiggins et Froome m’inspirent aussi.

À l’échelle amateur, un coureur comme Fournet-Fayard m’inspire également… Je crois que je ne fais pas une course sans le voir échappé ! Il fait la course, est offensif et ne tergiverse pas à compter ses efforts comme c’est le cas pour beaucoup de coureurs. Là, il y a de la manière ! Dans mon équipe, ils disent qu’il m’inspire parce que c’est un gros borneur, tout comme moi, mais ça c’est autre chose !

  • Un pronostic pour le Giro ?

Je dirais Porte devant Contador puis Aru. Mais un grand Tour reste toujours difficile à pronostiquer…

  • En dehors du sport, tu as d’autres passions ?

De réelle passion qui pourrait se démarquer, comme celle qui m’anime à un point phénoménal quand je fais six heures tout seul sur mon vélo, non pas vraiment. J’aime bien prendre du bon temps tout simplement. Aller au cinéma quand un bon film sort, faire une journée pêche quand les beaux jours arrivent l’été, ce genre de petites choses.

  • Pour ce premier volet de la Gazette, racontes-nous tes dernières semaines. Comment s’est passé ton mois d’avril ?

Avril est arrivé après un mois de mars où j’avais plutôt bien marché en montant en puissance avec quelques accessits (cinq top 15 en huit courses), j’avais à cœur de sortir un bon résultat. Ce fut un peu mi figue mi raisin.

J’ai fait le Grand Prix de Saint-Étienne le 4 avril qui était dans mes cordes. Jusqu’à mi course, j’étais dans le jeu pour aller chercher un bon résultat, je me sentais très bien. Hélas, les conditions étaient exécrables. Mon corps n’aime pas ces conditions mais psychologiquement, j’en veux, donc ça équilibre un peu la balance. Malheureusement, j’ai pris froid en fin de course, au point d’en être totalement transit, ce qui m’avait ôté toute chance de bien figurer. 

Deux jours après, c’était l’incontournable Grand Prix de Vougy. Frustré de la course précédente, j’avais vraiment les crocs ! Dès la première boucle, j’ai intégré la bonne échappée. On a fait un bon bout de route avant qu’un contre d’hommes forts ne rentre. La difficulté du parcours a écrémé le groupe mais je savais qu’en étant offensif, je resterai dans le premier wagon, chose que j’ai réussi à faire jusque dans le final. Sur la toute fin de course, je savais que j’aurai du mal face à ces hommes plus frais. J’avais un coéquipier, tout à fait capable d’aller chercher la gagne qui est revenu, donc sur la fin j’ai tout mis pour jouer sa carte . Il fait deuxième, ça récompense le travail fait ! Quant à moi, j’ai terminé à la onzième place ; j’y vraiment ai pris de la confiance, j’étais heureux d’avoir pu promouvoir à ce bon résultat collectif.

Le week-end suivant, c’était le Tour du Charolais, encore une belle course où j’avais pleinement ma carte. L’équipe a bien fait la course et sur le circuit final, nous étions deux à pouvoir nous dévoiler. Cela s’est mal goupillé pour nous puisque nous avons peut-être un peu trop essayé, les favoris du jour se sont beaucoup marqués et au final ça a souri à un contre, parti dans un temps mort qui est parvenu à avoir son ticket de sortie. J’arrive donc dans le premier peloton, quelques encablures derrière.

C’était frustrant de louper le coup comme ça, mais cela fait parti de l’apprentissage je suppose. J’ai bien progressé. Cette année, j’ai désormais les moyens physique de jouer avec les meilleurs sur les belles courses élites, maintenant il faut que je parvienne à courir juste.

Le lendemain c’était la classique Dijon-Auxonne-Dijon. Toute plate, j’y allais pour aider l’équipe à 100%. Chose faite, nous avons tous été actifs, pour au final réussir à faire un train royal pour notre sprinter. Il a fini deuxième, et nous avions réussi à mettre en place une belle stratégie, c’était donc une journée satisfaisante.

Après cela, j’ai fait ma première microcoupure. Trois jours de repos total, un jour avec deux heures de vélo plaisir, et de nouveau un jour de repos avant de réattaquer un bloc de quatre jours solides pour préparer la première course par étapes de l’année (chose que j’affectionne par dessus tout). Le circuit de Saône-et-Loire arrivant dans la foulée. Ce fut assez bridé le premier jour, bien qu’a mi-course, nous étions une quarantaine seulement à l’avant, un regroupement a eu lieu. Nous avions alors emmené notre sprinter qui gagne l’étape et débloque le compteur de l’équipe. C’était un grand soulagement pour tout le monde.

Le lendemain, j’ai appris à défendre un maillot, deux heures à faire le tempo en tête de peloton ! Cela avant que certain décide de perturber l’osmose en passant à l’offensive. Malgré le début de course, j’ai passé la dernière grosse difficulté du jour avec les meilleurs et j’ai donc pu protéger le maillot jusqu’à l’arrivée (malheureusement il le perd au jeu des places). Les deux demi-étapes du lendemain auraient pu être pièges mais se sont finalement terminées toutes les deux par un sprint massif ou là encore, nous avons joué la carte d’emmener notre sprinter.

La dernière étape était la plus difficile. Dans le même temps que le premier tout était possible. Le juge de paix était le signal d’Uchon. J’y bascule avec 21 hommes et le futur vainqueur du général serait l’un d’entre-nous. Sur les vingt derniers kilomètres il y a eu des attaques sur attaques, et à ce jeu nous manquons moi et mes deux collègues présents un petit coup qui sort à cinq kilomètres et qui est allé au bout. J’ai roulé pour favoriser un regroupement favorable à Mathieu Fernandes qui été bien placé pour gagner le général à la place en cas de nouvelle arrivée groupée mais ça na pas voulu, nous arrivons pour la septième place à une poignée de secondes. C’est la frustration du mois !

Là encore, j’ai constaté que la gagne était accessible, que j’avais les moyens pour jouer avec les meilleurs sur les belles élites nationales, c’est dommage de louper l’opportunité.

Pas de répit après ce tour, j’ai de suite enchaîné avec un bloc de huit jours pour préparer les belles échéances du mois de mai.  J’espère donc que la prochaine Gazette sera riche en bonnes nouvelles !

Nous te souhaitons de beaux résultats et te remercions pour ce premier numéro. Rendez-vous dans quelques semaines pour la prochaine Gazette. 

Rédigé par

Natacha Cayuela - Coordinatrice pour cyclistes

Passionnée de vélo depuis ses dix ans, Natacha est la fondatrice du site qui ravitaille le cyclisme. Elle est également l'auteur du roman La Bonne échappée, où l'univers de la Petite Reine est mis à l'honneur.