L’envol du cyclisme au Burkina Faso

L'avenir du vélo se développe aussi en Afrique

  • lundi 25 avril 2022

Le 27 mars 2022 restera dans les mémoires et la légende du cyclisme. À Travers la Flandre, Biniam Girmay s’est imposé et a éveillé la fierté de son pays l’Érythrée tout en traversant bien des frontières. La ferveur chaleureuse des africains pour le vélo se confirme notamment à chaque Tour du Rwanda. Cela promet pour les Championnats du monde de cyclisme sur route qui y auront lieu en 2025 !

Nous l’avions déjà évoqué dans des mets concoctés avec Abdou-Raouf Akanga du Togo, Yacine Chalel pour l’Algérie ou encore avec la Team Bike Aid, bien plus qu’une équipe allemande.

Intéressons-nous à un autre pays africain où la passion s’y développe également : le Burkina Faso. Concoctons une recette riche et dépaysante avec deux cyclistes fous de leur sport et très motivés pour le faire savoir : Aziz Sourabie et Paul Fidèle Ouedraogo. À travers une interview croisée, ils vont vous raconter leurs parcours avec amour pour la Petite Reine.

 

Aziz Sourabie et Paul Fidèle Ouedraogo

 

 

~ Qui est Aziz Sourabie ? ~

=> Par Paul Fidèle Ouedraogo : Un équipier qui lui avait donné beaucoup de conseils en tant qu’ancien cycliste et a souhaité échanger avec ses coéquipiers afin de les encourager. On s’est donné rendez-vous et c’est de là que l’on a gardé contact.

=> Par lui-même : Je suis un jeune homme de 28 ans passionné de vélo et de sport en général. C’est dans cette optique qu’après avoir été coureur très amateur, j’ai décidé de promouvoir le vélo dans mon pays à travers mes amis un peu partout, d’où est née ma rencontre avec Paul Ouedraogo et ses coéquipiers.

 

~Qui est Paul Fidèle Ouedraogo ? ~

=> Par Aziz Sourabie : Paul est policier. C’est un grand passionné de vélo, C’est par son courage et sa détermination qu’après notre première rencontre on a gardé contact.

=> Par lui-même : Un jeune homme de 26 ans, fonctionnaire de police au Burkina et très passionné de vélo en général. En 2019, j’échange avec Abdoul Aziz Nikiema, un grand cycliste qui m’a répondu sur Facebook. Il m’a conseillé de me trouver un vélo. Chose faite, j’ai commencé à rouler et je suis déjà très ravi du parcours.

 

~ Bienvenue au Burkina Faso ~

=> Aziz : Le Burkina Faso est un pays sahélien situé au cœur de l’Afrique occidentale avec une population majoritairement cycliste, d’où vient la passion de ce sport dans le pays. On ne peut parler du Burkina sans parler du Tour du Faso, qui est l’une des plus vieilles courses sur le continent. Mais les aléas climatiques telle que la chaleur notamment sont un handicap pour la pleine pratique du vélo. C’est sans connaître la rigueur et la passion des burkinabès qui ne cessent de pratiquer ce sport.

=> Paul : D’où les dire d’Aziz, le Burkina Faso : pays des hommes intègres, très reconnu sur le plan international par son ancien président Thomas Sankara, lui-même un grand passionné de cyclisme et qui a beaucoup donné pour le développement et plus de visibilité.

 

Photos : Aziz Sourabie

 

~ Le vélo y a sa place ~

 => Paul : Je dirais que le vélo a occupé et occupe toujours une place très remarquable au Burkina Faso. Il est le moyen de transport le plus commun et praticable de tous les gens ; femmes et hommes. De nos jours, beaucoup d’élèves se rendent à l’école à vélo.

=> Aziz : Le Burkina Faso, de par sa population qui vit sous le seuil de la pauvreté a pour moyen de transport le plus commun et commode le vélo. On ne peut arpenter les rues des petites villes sans croiser de vélos. Il a bel et bien sa place au Burkina. D’où cette passion commune pour les cyclistes.

 

~ Aléas de la route ~

=> Paul : Dans ce pays sous-développé, le secteur routier n’est pas assez optimal pour que les cyclistes s’en réjouissent pleinement, mais quand même ! On roule ensemble sur la même voie ; camions, automobiles, motocycles…

Le sérieux problème demeure l’état des voies lorsqu’on roule, avec un nombre remarquable de nids de poule à éviter, dû souvent à la qualité du travail de bitumage. Aussi, les ralentisseurs très dangereux sont posés sur nos routes depuis un moment ; ils rendent compliqué certains passages à vive allure, menant vers des risques de pannes graves pour les vélos. On a plusieurs fois été victimes. Les points d’eau ça va, on a jamais rencontré de soucis.

=> Aziz : Le Burkina Faso est bien un pays sous-développé avec des infrastructures routières très défectueuses et à la limite impraticables. C’est alors le réel handicap pour nos cyclistes, qui enchaînent pannes sur pannes lors des courses et entraînements. Ceci nous permet de dire que bien c’est un pays de cyclistes, nos infrastructures routières ne répondent pas aux normes pour la pratique du vélo à cause des multiples ralentisseurs sur les routes d’entraînement et de courses. C’est un aspect à revoir.

 

~ Objectifs & ambitions ~

=> Aziz : Pour ma part, mes ambitions sont démesurées. J’ai regardé le Tour de France depuis mes 15 ans d’où m’est venue la passion du vélo. C’est alors que je me suis fait la promesse de devenir un coureur professionnel, mais l’homme propose et Dieu dispose.

N’ayant pas atteint mes objectifs, je me suis donné pour mission de promouvoir et d’aider tout cycliste dans le besoin qui m’approcherait ou que j’approcherais. C’est dans cet élan de faire des jeunes et aussi des cyclistes déjà engagés des champions de demain. D’où le but de mon projet de collaboration avec Claude Dallaire, entraîneur de haute performance, afin de former des jeunes ou des cyclistes et de suivre leur progression jusqu’au niveau continental puis professionnel. S’il y’a plus à faire, j’en ferais plus pour le cyclisme dans mon pays. Mes ambitions sont alors démesurées !

=> Paul : Au fur et à mesure que les années passaient, j’avais toujours un très grand amour pour le cyclisme vu que c’est le seul sport où je retrouve beaucoup de sensations. Et aussi malgré mon âge peu avancé depuis que suis monté sur un vélo de route, je fais de tout mon mieux pour être remarqué en compétition et vite évoluer. Cette saison, l’objectif était de trouver une équipe bien structurée, où je me sentirai bien à l’aise pour la pleine pratique du vélo. Je remercie le Club Makafa de Banfora pour l’accueil.

Cette année, comme ambitions je souhaiterais terminer les courses et pouvoir travailler pour mon leader dans l’équipe. Déjà avec les programmes de Claude Dallaire, je vois beaucoup d’améliorations. En attendant de rejoindre mon équipe à la capitale : Ouagadougou.

 

~ Admiration ~

=> Paul : Comme évoqué plus tôt, j’ai une très grande admiration pour le Cycliste Burkinabè Abdoul Aziz Nikiema, maillot jaune du tour du Faso 2013 qui ne cesse de séduire beaucoup de jeunes et qui aux yeux de tous, donne l’envie d’être cycliste.

Mes courses préférées ? Je dirais que c’est le Tour du Faso qui accueille déjà beaucoup de cyclistes africains, européens et asiatiques, suivi du Championnat national qui désigne celui qui va porter le maillot de champion toute la saison. Actuellement, le tenant du titre est Paul Daumont, qui évolue dans une équipe européenne.

Mon rêve aujourd’hui est de rouler d’abord au Burkina Faso où je vois que c’est déjà compliqué vu le rythme demandé, avec beaucoup de travail et de sacrifices. Rouler dans d’autres pays africains voir dans d’autres continents me ferait énormément plaisir, après avoir suivi un bonne formation !

 

=> Aziz : Le Tour de France reste l’une des plus belles courses au monde. Ma classique préférée est Liège Bastogne Liège. Au pays, ma course préférée est la Boucle du Coton qui a fait les beaux jours du vélo au Burkina. Mon idole reste Lance Armstrong, sans oublier d’énumérer Fabian Cancellara, Bradley Wiggins, Thomas Voeckler, Thibault Pinot. J’ai toujours rêvé de faire la montée du mont-Ventoux et de l’Alpe d’Huez.

 

Photo via Aziz S.

 

~ Être cycliste au Burkina Faso ~

=> Paul : À la différence de Ouagadougou la capitale où le vélo est actuellement très développé, le relief est pratiquement plat. La zone de l’ouest où je réside et m’entraîne, BoBo Dioulasso est la deuxième plus grande ville du pays. Le relief est un peu accidenté avec quelques montées. On constate un très beau paysage surtout avec la verdure en saison pluvieuse.

Il y’a un fort engouement autour du vélo que l’on peut constater généralement lors des compétitions en circuit fermé ou les routes sont bondées de monde.

=> Aziz : Je répète les dires de Paul !

 

~ Évolution & développement ~

=> Aziz : J’aimerais vraiment une évolution au niveau du vélo dans mon pays, et je pense que cela doit passer par l’utilisation de matériel de qualité et de formations de haut niveau pour les coureurs. Aussi : un système de suivi et d’encadrement pour les jeunes qui assureront la relève. Ma contribution à ce niveau est ma collaboration avec Claude Dallaire, entraîneur au Québec de renommée mondiale. Je pense que cela va aider énormément !

=> Paul : Le développement du vélo au Burkina Faso va aller d’abord sur le plan matériel et ensuite la formation sur le plan continental et international. Enfin, faciliter et encourager le passage et l’intégration de nos cyclistes locaux dans des autres continents où le vélo est très développé.

 

 Photos via Aziz S. et Paul O.

 

~ Envie d’ailleurs ~

 => Aziz : L’idée de voyager me traverse l’esprit depuis un bon moment. La promotion des coureurs avec qui je travaille pourrait mieux se faire si je vais moi-même auprès des potentiels partenaires et soutiens. Mon projet avec Claude Dallaire me donne une forte envie de partir au Québec en passant par la France afin de toucher le maximum de personnes avec qui je discute déjà sur internet, Natacha (la fondatrice d’Au bon dossard) y compris. Nous verrons dans les prochains mois qui suivront. Comme l’on dit, l’homme propose et Dieu dispose.

=> Paul : Actuellement, mon idée de voyage est de m’installer à la capitale où se trouve mon équipe. Je discute déjà avec mon service pour faciliter les choses.

 

~ Côtés entraînement et nutrition ~

 = > Aziz : Ici, les entraînements se font généralement les matins à cause de la chaleur à une certaine heure de la journée. Exceptionnellement, les coureurs s’entraînent le soir. Pour la nutrition, les coureurs consomment des plats traditionnels tels que le tô, le Benga (haricots) les poids de terre et bien d’autres…

=> Paul : Aziz a presque tout dit ! Personnellement, je mange léger les matins avant mes sorties et j’attends le retour pour me bourrer le ventre de nos plats traditionnels !

 

Bonne route à vous ! Photo via Aziz S.

 

~ En conclusion ~

=> Paul : Pour finir, je traduis mes vives remerciements à Aziz Sourabié de nous avoir mis en contact avec Au bon dossard, et vous également ; je vous remercie pour la parfaite considération.

Je remercie également mon club actuel pour la confiance et j’appelle à tous les passionnés du cyclisme que les conseils et aides multiformes sont les bienvenues ! Je souhaite qu’au prochain interview, (celle-ci étant ma toute première), je sois à un niveau nettement supérieur.

=> Aziz : J’aimerais tout d’abord remercier Natacha pour l’attention, la confiance qu’elle m’apporte bien que nous soyons des amis virtuels. Je lui souhaite bon vent dans ses projets et j’espère qu’un jour on se rencontrera.

Je lance un appel à toutes personnes susceptibles de pouvoir m’aider (Conseils, matériel, aides multiformes), à le faire si possible. Ma passion et celle des autres Burkina pour le vélo n’a pas de limite. Les coureurs avec qui je travaille sont déterminés et ont du potentiel, ils ont juste besoin de suivi adéquat et du matériel.

Merci Natacha, merci Paul. C’est le vélo qui gagne !

 

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Un grand merci à Aziz Sourabie et Paul Fidèle Ouedraogo pour cette découverte de leur pays partagée avec un grand amour pour le vélo. Pour toutes initiatives pouvant les soutenir et les aider dans leur développement (mise en relation, dons…), vous pouvez les joindre de notre part ou nous contacter afin que nous leur transmettions vos messages.

On vous souhaite de poursuivre votre évolution comme de mener vos rêves jusqu’à leurs concrétisations !

Rédigé par

Natacha Cayuela - Coordinatrice pour cyclistes

Passionnée de vélo depuis ses dix ans, Natacha est la fondatrice du site qui ravitaille le cyclisme. Elle est également l'auteur du roman La Bonne échappée, où l'univers de la Petite Reine est mis à l'honneur.