Nouvelle rencontre avec Thomas Boudat

De l'envie de s'illustrer à la réussite sur l'île de Beauté

  • jeudi 26 mars 2015

Six mois après notre première interview et l’ouverture du site, nous sommes retournées prendre des nouvelles du jeune coureur d’Europcar. Lui qui souhaitait s’illustrer, c’est chose faite ! Il vient de remporter sa première victoire professionnelle lors de La Classica Corsica. Nous sommes heureuses d’avoir partagé un moment avec lui, seulement deux jours avant son premier succès, qui ne sera certainement pas le dernier.

 Thomas, Revenons sur ta première course pro ; qu’est-ce que tu as ressenti lorsque tu as accroché ton premier dossard ?

Cela m’a fait plaisir, forcément. C’était un rêve de gosse de pouvoir être professionnel un jour. Donc c’est sûr que d’accrocher le premier dossard c’était quelque chose d’important. Maintenant j’ai envie de m’y illustrer. C’était un cap à passer, le plus dur reste à faire.

À quel âge as-tu pensé à passer pro ? On avait parlé du fait que tu as commencé le vélo très tôt…

Oui j’ai commencé à l’âge de 4-5 ans. J’y ai pensé il n’y a pas si longtemps que ça. Lorsque j’étais en Juniors, je ne pensais pas pouvoir passer professionnel. J’y ai vraiment songé à la fin de ma première année chez les Espoirs. Je voyais que j’avais le niveau en amateur, que je n’étais pas si ridicule que ça. Et c’est à partir de là que j’ai réellement envisagé d’en faire ma carrière.

À cette période- là, est-ce qu’il y avait un coureur que tu admirais plus que d’autres ?

Oui, j’étais un grand fan de Paolo Bettini, un coureur que j’appréciais beaucoup.

Quel beau tempérament ! Mais tu n’as donc pas eu l’occasion de rouler avec lui.

Non, mais je pense qu’il m’aurait fait trop mal aux jambes !

Durand tes premières courses, est-ce que tu as pu discuter avec d’autres coureurs ?

Oui, je connaissais des coureurs qui sont aussi néo-pro dans d’autres équipes. Une fois que l’échappée est partie, on discute avec les coureurs qui sont autour de nous.

Vous parlez de la course ou d’autre chose dans ces moments-là ?

Cela dépend, on peut parler de tout et de n’importe quoi. C’est selon l’humeur du moment !

Est-ce que tu te considères comme un pur sprinteur ? Tu es plutôt meneur, ou suiveur ?

Plus puncheur-sprinteur. Je suis plutôt un meneur. Forcément quand on est sprinteur ou du moins assez rapide au sprint, il faut donner certaines consignes, puis j’aime bien toujours donner mon avis pour construire le sujet tous ensemble.

Lorsque tu sprintes, tu préfères avoir un long train ou te débrouiller tout seul ?

C’est sûr que c’est plus facile d’avoir un train pour rouler, après je me suis plus ou moins débrouillé jusqu’à maintenant, tout seul sans avoir besoin d’un train devant, avec un ou deux coureurs ça suffit. Chez les professionnels ce n’est pas pareil ; je vois les sprints à la vitesse à laquelle ça se lance, et vu le nombre de kilomètres avant, forcément il faut avoir du monde et ne pas prendre trop de vent, parce que on est tous au même niveau. Je dirais que ce n’est plus le physique qui compte, mais l’équipe que l’on a autour qui est très importante.

Que mets-tu comme braquet en cas de sprint sur du plat ?

Je mets tout à droite ; du 53*11. Certains mettent peut-être un plateau de 54 dents, je pense que le 11 derrière est adopté par tout le monde.

Parlons un peu de ton programme…

Direction la Corse avec  la première édition de la Corsica puis le Critérium International. La semaine d’après je serai sur la Route Adélie de Vitré.

Comment s’organise les voyages pour se rendre sur les courses ?

C’est Europcar ou l’équipe de France qui finance les voyages, on se déplace souvent en avion. L’aéroport de Bordeaux est bien pratique car il dessert pas mal de petits vols. Une fois atterri à destination, ils nous récupèrent à l’arrivée.

En dehors du vélo, il y a le vin…

Oui ma famille produit plusieurs catégories de vins ; du Graves, du Bordeaux supérieur… Ils font toutes les couleurs ; blanc, rouge et rosé.

Lorsque tu as le temps, tu vas les aider ?

Oui, dès que j’ai un peu de temps c’est avec grand plaisir que je vais aider tout le monde. Les vendanges sont le meilleur moment de l’année quand on est viticulteur ; on récolte le fruit de notre travail, c’est le cas de le dire !

Lequel apprécies-tu le plus ?

J’appréciais beaucoup le blanc sec  au début, mais maintenant je penche pour le rouge.

Tu en bois en saison ?

Oui, toujours un petit peu, ça fait du bien ! Il y a beaucoup de coureurs qui apprécient le bon vin, ça ne fait pas de mal un verre à table, au contraire je pense que c’est même bon pour la santé.

Vous y avez droit même en course alors ?

Oui, Jean-René Bernaudeau est amateur de vin, il offre une bouteille de grand cru tous les soirs à table pendant le Tour de France. C’est plein d’antioxydants, je pense que c’est bon pour la récupération.

Ton frère, Nicolas fait lui aussi du vélo, quel âge a-t-il ?

Il va avoir 16 ans, il est en Cadets 2. On n’a pas souvent l’occasion de rouler ensemble, il est au CREPS à Bordeaux.

Il voudrait suivre tes pas ?

Je ne dirais pas suivre mes pas, je pense qu’il veut faire sa propre trace. Il s’inspire de ce que je fais, mais il a aussi envie de se démarquer ; il n’est pas que mon frère, mais il est aussi Nicolas Boudat. C’est important pour lui et j’essaie justement de ne pas être envahissant dans ce qu’il fait ; j’ai envie de le laisser vivre, qu’il puisse prendre un maximum de plaisir dans ce qu’il fait, et s’il doit percer il percera.

Nous remercions Thomas pour cette deuxième interview, et nous le félicitons pour sa première victoire professionnelle. Avec son équipe, il s’est offert sur l’île Corse une victoire de toute beauté.

Rédigé par

Natacha Cayuela - Coordinatrice pour cyclistes

Passionnée de vélo depuis ses dix ans, Natacha est la fondatrice du site qui ravitaille le cyclisme. Elle est également l'auteur du roman La Bonne échappée, où l'univers de la Petite Reine est mis à l'honneur.