Ce jeudi 29 septembre 2016 débutent le Championnat de France sur piste à Bordeaux. Nous avons profité de l’occasion pour mettre le cyclisme féminin à l’honneur comme nous aimons le faire. Et c’est une coureuse alpine qui a partagé sa passion avec nous : Fanny Zambon, qui évolue dans la DN Rhône-Alpes.
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Bonjour Fanny, pour commencer, peux-tu te présenter ?
J’ai 20 ans et je suis originaire de Cluses, en Haute-Savoie. J’ai déménagé à Grenoble il y a trois ans pour suivre des études d’ingénieur, je suis actuellement à Grenoble INP – Génie industriel. J’ai commencé le vélo en école de cyclisme dès l’âge de cinq ans. Mon père m’a transmis sa passion et même si l’on ne roule plus ensemble maintenant, on regarde encore pas mal de courses à la télévison.
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Quels sont tes pires moments et tes meilleurs souvenirs sur un vélo ?
Mon pire souvenir reste une chute au vélodrome d’Eybens en 2013. J’étais tombée violemment sur la tête, j’ai eu des séquelles au visage pendant plusieurs mois et j’ai vraiment pris conscience des risques du vélo.
À l’inverse, j’ai connu de très beaux moments notamment lors de l’été 2014, en catégorie Juniors 2. J’ai pu vivre deux championnats internationaux, un titre de championne de France sur piste inattendu suivi d’une 2ème place sur route. Il y avait de bons résultats mais surtout une super ambiance en Rhône-Alpes ainsi qu’en équipe de France ; ce sont de beaux souvenirs.
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Tu cours sur route, sur piste, et tu es à l’aise sur les chronos. On en déduit que tu es une très bonne rouleuse avec une belle pointe de vitesse ?
Je pense avoir des qualités de rouleuse mais je ne suis pas très rapide au sprint… Ce que j’apprécie le plus, ce sont les circuits propices aux échappées. J’aime être à l’avant de la course et j’ai plus de chance sur une arrivée en petit groupe. Les courses vallonnées peuvent également me convenir même si je ne suis pas une pure grimpeuse.
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Parle-nous un peu de ton équipe. Êtes-vous globalement satisfaites de vos résultats ?
Je suis dans la DN Rhône-Alpes qui s’est montée il y a deux ans. Cet hiver, nous partions dans le but de progresser car l’année 2015 avait été compliquée pour notre équipe. Finalement, il y a eu un vrai collectif sur et en dehors du vélo qui a permis à chacune d’obtenir de bons résultats. Il y a une série de bonnes individualités qui se complètent car nous n’avons pas toutes le même type de profil (grimpeuse, sprinteuse…). Nous avons été à l’avant de la course sur l’ensemble des coupes de France et nous avons pu remporter le classement par équipe sur la manche de Loudun.
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D’un point de vue plus personnel, comment s’est passé ta saison ?
Mon début de saison a été difficile. J’étais très prise par mes études et il était dur d’être performante en parallèle sur le vélo. J’ai donc continué à m’entraîner et à courir même s’il était mentalement difficile de ne pas être au niveau.
À partir de fin mai, j’ai pu retrouver de bonnes sensations pour remplir les objectifs que je m’étais fixés. J’ai effectué une grosse préparation pour le championnat de France qui s’est soldée par une médaille sur le contre-la-montre Espoirs et une 4ème place sur la course en ligne. J’attendais ce podium sur le chrono depuis longtemps et c’est une très belle récompense.
Dans la foulée, j’ai réalisé un bon été avec une 20ème place au Tour de Bretagne, une sélection en équipe de France pour le tour de Krasna Lipa et un top 10 sur la finale de la coupe de France. Je sens que j’ai progressé aussi bien physiquement que dans ma façon de lire et de gérer la course au cours des derniers mois.
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Il reste encore un gros objectif : les championnats de France sur piste. Quels sont tes objectifs ?
Je serai présente sur la poursuite individuelle, le scratch et la course aux points sur ces championnats de France piste. Je n’ai pas vraiment d’objectifs fixés ; j’ai pu retrouver la compétition sur piste le week-end dernier à Bourges, mais je n’ai pas beaucoup pratiqué depuis l’hiver dernier. Je serai là pour me faire plaisir, continuer d’apprendre dans cette discipline et si je peux battre mon temps sur trois kilomètres, pourquoi pas !
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Tu jongles entre le vélo et des études d’ingénieur. Quelle filière as-tu choisi et pourquoi ?
Je suis dans le secteur du Génie Industriel. Cela comprend toute la conception d’un produit, l’organisation de sa production et de sa distribution. J’aimerais travailler plus précisément sur la gestion de chaines de production (optimisation des procédés de production, calcul des coûts, contrôles qualité…). L’enseignement comprend 60% de matières scientifiques et 40% de sciences humaines, économie, langues… cela permet de s’ouvrir pas mal sur l’entreprise et sur l’international.
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Comment gères-tu ces deux activités très prenantes dans ton quotidien ?
Avant tout, je suis très bien entourée. J’ai la chance que mon école mette en place des aménagements pour moi. Pour 2017, j’ai pris la décision de dédoubler mon année en école d’ingénieur afin de continuer ma pratique sportive à haut niveau. J’ai le droit de m’absenter même si je dois par la suite rattraper et être présente aux moments des partiels. Ensuite, je m’entraîne toute seule ou en groupe à Grenoble si mes horaires sont compatibles.
Mon entraîneur, Julien Guiborel, est très disponible pour moi. On se connait bien, on roule ensemble parfois (voir on court ensemble, en Pass). Il essaye toujours d’adapter mon entraînement en fonction de mes objectifs, de mes cours et de ma fatigue. Il me donne beaucoup de conseils et il sait me motiver dans les périodes difficiles.
Mes parents se chargent du reste. Je peux vraiment compter sur eux pour m’aider dans tous mes projets. C’est un réel soutien.
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Le cyclisme féminin a tendance à gagner en notoriété, ce qui est une très bonne chose. Penses-tu que la reconnaissance et la médiatisation sont désormais suffisantes ?
Cela commence à se médiatiser, à se professionnaliser… Beaucoup de gens me parlent des quelques compétitions qu’ils ont vu à la télé comme les championnats de France ou le Grand Prix de Plouay. Il y a de belles courses qui sont organisées en amont des professionnels sur les Champs ou sur la Vuelta. C’est vraiment comme ça que l’on peut faire progresser le cyclisme féminin.
Après, je pense que la médiatisation n’est pas encore suffisante. Je suis déçue quand je vois que la plupart de mes amis ne savent pas citer une seule cycliste française.
Je trouve qu’on ne soutient pas assez les filles qui font du vélo. Je vois beaucoup d’amies ou de connaissances avec qui je partageais des moments en équipe de France arrêter… Certaines filles n’ont personne qui s’occupe d’elle, d’autres n’ont pas le temps en parallèle de leurs études… et même pour celles qui ont des résultats il n’y a quasiment aucune chance de passer dans une équipe UCI en France. Sans parler du prix que coûte une saison de vélo… Il faut être passionnée.
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Quelles améliorations autour des courses féminines aimerais-tu voir pour la saison prochaine ?
De nouvelles courses apparaissent à priori comme le tour de Gironde. je serais contente s’il y a plus de chrono, on en fait trop peu au cours de la saison.
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Quels seraient tes souhaits pour l’an prochain ?
Sportivement, je souhaite passer un nouveau cap. Une médaille au championnat de France sera toujours un objectif ainsi que quelques manches de la coupe de France comme Izernore. J’espère participer à quelques sélections avec l’équipe de France. Il y a des courses internationales comme la route de France qui me font rêver pour les prochaines années.
Niveau études, je continue mon chemin. L’essentiel en ce moment c’est de progresser en anglais car je voudrais partir faire un semestre à l’étranger avant la fin de mon cursus.
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As-tu le temps d’avoir d’autres centres d’intérêt / occupation ?
J’aime être avec ma famille et mes amis, aller manger un bout, boire un café, faire une sortie… et j’essaye toujours de garder un maximum de temps pour ça.
Sinon j’adore les activités d’extérieures comme la randonnée, le ski de fond… Il faut dire que la région est pas mal alors autant profiter du cadre !
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Autre chose à rajouter ?
Je joins ma page sur le site de la Fondation Grenoble INP. Un organisme qui me soutient financièrement dans la poursuite de mon double projet sportif et professionnel.
Merci pour ta participation Fanny. On te souhaite bon courage pour tous tes objectifs.