Zoom sur l’AF3V pour plus de Véloroutes et de Voies Vertes

Une association présentée par Pierre Hémon

  • jeudi 16 décembre 2021

À l’heure où le vélo se crée une route grandissante en France, nous sommes encore bien loin de certains de nos voisions européens où la bicyclette est un art de vivre depuis des années.

Afin de pouvoir pédaler en sécurité et allier l’utile à l’agréable tout en faisant rimer écologie avec économies, l’AF3V (Association Française pour le développement de Véloroutes et de Voies Vertes) agit sur l’ensemble du territoire afin d’améliorer la qualité des déplacements en mode actif.

Pour en savoir plus sur leurs initiatives ainsi que sur leurs visions et objectifs, offrons la parole au Président : Pierre Hémon.

 

 

~ Présentation ~

On pourrait dire que « tout petit déjà » j’aimais le vélo, que je préférais Anquetil (parce qu’il gagnait) à Poulidor, que jusqu’à la classe de Terminale j’allais au Lycée à vélo… Avant de le trahir pour le Vélosolex, j’avoue.

Et depuis que je réside à Lyon (25 ans déjà !) je me déplace dans cette ville à vélo quasi exclusivement. J’y ai dirigé le plus grand Centre de Santé mutualiste de la Région et en ai été le premier « directeur à vélo ». Elu quelques années, j’ai eu en charge les aménagements cyclables à une époque où beaucoup de mes collègues semblaient avoir un moteur thermique à la place du cerveau !

Adhérent « dormant » de l’Af3V ces années-là, je me suis réellement investi dans l’association début 2020. Au vu de mon (gros) carnet d’adresses lié à mes fonctions passées, de ma connaissance du fonctionnement des collectivités, de mon savoir-faire avec les élus (« que vous êtes beaux, que vous êtes grands ! »), de ma relative disponibilité, mes collègues m’ont (presque) contraint à assurer la présidence depuis cet automne.

 

~ Le jour où tout a commencé ~

Fondée en 1997, en particulier par nos amis de la Fédération française de cyclotourisme (FFCT), l’Af3V a eu tout de suite pour mission de militer pour la réalisation d’un réseau ambitieux de véloroutes et de voies vertes, qui en étaient à leurs balbutiements. Dès le départ, nous avons souhaité contribuer au développement d’un tourisme respectueux de l’environnement et favoriser l’émergence d’un territoire solidaire et accessible par tous. Cela se concrétise par exemple à travers notre programme « VéloexpresS » qui s’adresse aux publics fragiles.

Encourager la réduction des déplacements polluants, contribuer au mieux-être, à la santé globale en favorisant l’écomobilité était déjà sous-jacent. Et d’ailleurs aujourd’hui, les véloroutes et voies vertes sont entrées dans le vocabulaire courant. Pour beaucoup, elles sont synonymes de cadre naturel, de tranquillité et de sécurité.

 

~ Principales missions ~

Notre mission principale est sans doute de représenter les usagers de ces voies vertes auprès des pouvoirs publics. Et ce pour améliorer, entretenir, développer ces infrastructures. Nous sommes la seule association d’usagers à siéger dans les comités d’itinéraires. Nous y faisons entendre notre expertise d’usage, notre connaissance des effets pervers de certains aménagements (potelets, barrières, revêtements en « stabilisé » …).

Force de proposition, nous intervenons pour que les attentes des utilisateurs soient prises en compte dans les projets d’aménagements : réalisation de nouveaux itinéraires, résorption des coupures du réseau et amélioration de la qualité des infrastructures. Quand la concertation ne suffit pas, nous menons des actions ciblées de plaidoyer auprès des décideurs.

En résumé notre objectif est de sensibiliser les aménageurs aux attentes des utilisateurs, en proposant des solutions adaptées, concrètes et réalistes.

 

 

~Une carte interactive ~

Elle sert à préparer, programmer son prochain voyage. Précise, fiable, elle est constamment enrichie par nos sillonneurs qui précisent la nature du revêtement, les difficultés passagères ou permanentes, les évolutions, etc… Elle est très appréciée pour cela. Les usagers ne s’y trompent pas en la plébiscitant : près de 2,5 millions de visites annuelle !

Le plus simple est d’aller « jouer » avec ici ! Attention, c’est addictif ! Et gratuit… mais les dons comme les adhésions sont bienvenus 😉

 

~ Des labellisations de Voies Vertes en projet ~

Il Existe des voies vertes de belle facture, sécurisées, roulantes, accessibles à tous : familles, piétons, rollers, personnes à mobilité réduite. Pourquoi ne pas le dire, le valoriser, souligner le bon travail de telle ou telle collectivité ? C’est à partir de ce constat que nous avons bâti un « cahier des charges » détaillé qui nous permet de « noter » la voie verte (ou un tronçon de voie verte) et de lui accorder donc un label AF3V.

Le label est donné pour trois années et la collectivité peut le mettre en avant pour faire la promotion de cette destination. Et pour les usagers, c’est une garantie de qualité et de sécurité, essentielles pour débutants et familles avec enfants en bas âges.

Nous commençons tout juste, il faut en faire connaître les avantages aux collectivités, et encore que celles-ci nous assurent le budget minimal permettant à nos bénévoles d’assurer un travail de qualité.

 

 

~ Des Véloroutes de la Mémoire ~

« Via Pax », bien plus qu’une véloroute de la mémoire, est un projet d’itinéraire qui se veut culturel, mémoriel bien sûr, mais intégrateur du sentiment européen. Il s’agit sur plus de 1000 kilomètres, au plus près de la ligne de front de la guerre de 14 – 18, de relier les principaux lieux de mémoires, en utilisant pour partie le réseau de voies vertes existantes.

En parallèle se construit aussi un itinéraire pédestre. Les territoires traversés pourront autour de ce projet valoriser leurs atouts touristiques et naturels et développer les services inhérents à ce type de tourisme, hébergements, commerces, restauration, circuits locaux de découverte. À grande valeur éducative, cet itinéraire pourra être utilisé (pour certaines de ses parties) pour bon nombre de projets pédagogiques. Enfin à l’heure des replis identitaires, ce projet, symbolique d’une l’Europe unifiant les mémoires autour d’un passé partagé, s’avère nécessaire.

 

~ Un programme d’inclusion sociale via le vélo ~

Le dispositif Vélo expresS propose à des personnes éloignées de l’emploi, isolées, en situation d’exclusion économique ou sociale, de se former à l’écomobilité pour s’ouvrir de nouvelles perspectives de déplacement au quotidien. Bien trop souvent, nous nous limitons à la solution « voiture » dans un objectif d’insertion socio-professionnelle mais le vélo peut être un merveilleux outil pour les personnes les plus modestes, même dans les territoires périurbains ou ruraux grâce notamment au réseau des voies vertes qui fait le lien entre zones d’habitation et celles concentrant les emplois et les services.

Les chiffres sont parlants, près d’un demandeur d’emploi sur quatre a déjà refusé un travail ou une formation par manque de moyen de déplacement. Et les habitants des territoires périphériques sont particulièrement vulnérables avec des réseaux de transports en commun moins performants et donc une dépendance à la voiture individuelle couteuse plus importante. Pour rappel, une voiture coûte en moyenne 5 000 € chaque année à un ménage d’après l’Ademe. L’AF3V a donc mis en place des ateliers vélo pour permettre de lever les freins cognitifs et psychosociaux à la mobilité des stagiaires.

Ainsi, grâce au vélo, ces deniers pourront envisager un retour à la mobilité. À ce jour, ce sont huit territoires couverts par Vélo expresS en partenariat avec neuf vélo-écoles et une vingtaine de structures d’insertion et d’entreprises. Cela représente un peu plus de 25 ateliers bénéficiant à plus de 170 personnes.

 

 

 ~ À la recherche de nouveaux délégués et d’associés ~

On peut nous rejoindre simplement pour nous soutenir parce que l’on juge nos actions indispensables, parce qu’on apprécie la mise à disposition de la carte interactive et on se doute que cela nécessite beaucoup de temps et d’énergie. On peut vouloir appuyer notre choix de représenter les usagers auprès des pouvoirs publics, vouloir nous rendre plus forts et plus efficaces.

Alors c’est tout simple : vous allez sur notre site et en haut à droite deux boutons : les boutons « Adhérer » et « Faire un don ». Yapluka ! On peut même adhérer ET faire un don !

Être délégué (territorial, départemental ou régional) de l’AF3V impose un certain engagement pour coordonner l’action sur son territoire et assurer la représentation de l’association auprès des collectivités etc. C’est aussi s’engager plus dans la cartographie, le suivi des travaux ou de l’entretien des voies vertes de son territoire. Mais on est aidé, informé, soutenu par le réseau national des délégués.

 

~ Collaborations ~

Nous sommes adhérents de plusieurs réseaux de la Cyclosphère française et européennes : ECF (European Cycling Federation), EGW (European Green Ways), pour les plus importantes. En France, nous sommes en contact permanent avec les associations de la FUB (Fédération des Usagers de la Bicyclette) tant au niveau local que national ; mais aussi avec le réseau des ateliers d’autoréparation « L’heureux Cyclage ». Nous sommes membre fondateur de « Mai à Vélo » qui depuis 2021 s’attache à faire du mois de mai le mois du Vélo.

Si vous avez le plaisir de découvrir les tracés des voies vertes sur les « TOP 100 », ces cartes de l’IGN très appréciées, c’est parce que nous avons passé une convention avec cet Institut et que nous lui fournissons les données actualisées des tracés, grâce au travail de fourmi de nos sillonneurs.

 

~ Vers une nouvelle ère ~

Nous entrons vraiment dans les années clés pour le développement du vélo. Car si on a su adapter un peu la ville à son explosion, le pas à franchir maintenant est énorme : il va falloir réduire fortement la voirie réservée à la voiture pour permettre au vélo de se déployer en toute sécurité. On se rend déjà compte combien les pistes cyclables sont trop étroites pour que circulent nos pelotons du quotidien.

Si l’on veut que les collégiens, les lycéens se déplacent simplement (et sainement) à vélo, il reste du boulot. Mais c’est la même chose dans le périurbain et dans le rural. Nous voyons bien (c’est notre « secteur ») combien des voies vertes bien entretenues, développées, permettraient des liaisons sécurisées de village à village en bien des endroits et s’ouvriraient pour cela largement au « vélotaf ». Et l’explosion du vélo à assistance électrique qui aplanit les pentes et réduit les distances si l’on peut dire, ouvre le champ des possibles.

Mais cela nécessite de penser des aménagements autrement que pour les beaux jours et le loisir, donc d’investir dans des revêtements plus « costauds » par exemple. De plus, l’avènement du slow tourisme, le développement de l’itinérance à vélo (voir le succès de la « Loire à Vélo » ou autre « Vélodyssée »), y compris en famille, est un atout pour le développement de territoires jusqu’ici ignorés ou snobés. La France dispose d’un important réseau de petites routes peu fréquentées par les voitures, facilement aménageables pour une pratique cycliste sécurisée.

Enfin, un(e) cyclotouriste ça fait tourner l’économie, car ce qui n’est pas consommé en carburant, est bien souvent dépensé dans les commerces locaux.

 

Pierre Hémon en déplacement, forcément en pédalant !

 

 

Merci et bravo à Pierre Hémon ainsi qu’à tous les bénévoles de l’association. Grâce à eux, les voies vertes et les véloroutes ont un bel avenir qui se se propage à l’horizon pour le bonheur des cyclistes et autres usagers, même si leur développement demandent plus d’investissements. Pour en savoir plus et rejoindre leurs initiatives, rendez-vous sur le site de l’AF3V.

– Crédits des photos dans l’article via l’AF3V et Pierre Hémon –

Rédigé par

Natacha Cayuela - Coordinatrice pour cyclistes

Passionnée de vélo depuis ses dix ans, Natacha est la fondatrice du site qui ravitaille le cyclisme. Elle est également l'auteur du roman La Bonne échappée, où l'univers de la Petite Reine est mis à l'honneur.