Dans les coulisses de l’Occitane Cyclisme Formation

En immersion sur les routes du Grand Prix d'Aix et du Souvenir Jean Masse

  • jeudi 25 février 2016

Dans ce nouveau plat, nous allons vous raconter une histoire. Elle s’est déroulée les 20 et 21 février 2016, dans les Bouches du Rhône. Nous avons eu la chance d’être dans la voiture du directeur sportif de l’Occitane Cyclisme Formation. Plongées au cœur de la première manche de la Coupe de France, le Grand Prix d’Aix-en-Provence, ainsi que sur le Souvenir Jean Masse, disputé le lendemain à Château-Gombert, 13ème arrondissement de Marseille.

Un mot d’ordre pour cette immersion au cœur du peloton : profiter. Savourer chaque instant précieux d’une course, afin de vous retransmettre cette ambiance si particulière pour ensuite la partager ici, avec tous ceux qui gouteront cette nouvelle recette. Pour plus d’émotions, nous allons à présent parler à la première personne du singulier. Je vous souhaite donc la bienvenue à bord de la jolie voiture de l’Occitane. Veuillez attacher vos ceintures, le départ est imminent.

 Commençons cette histoire par un petit retour en arrière. Comment suis-je arrivée dans la voiture de l’Occitane ? Le départ fictif a été donné il y a presque un an, sur notre site partenaire Velo-club.net. Un dossard pour participer à l’Étape du Tour 2015 était à remporter via Au bon dossard et LCL. Et c’est Guillaume Gaboriaud qui l’a emporté, et qui a terminé cette immense cyclosportive à la 15ème place. Depuis, nous avons suivi ses aventures, du Championnat de France Universitaire qu’il a organisé, puis remporté, jusqu’à son arrivée à l’Occitane Cyclisme Formation l’hiver dernier. Ainsi, lui et son club m’ont très gentiment ouvert leurs portes.

Grand-Prix d’Aix-en-Provence – Samedi 20 février 2016

C’était la première fois que je venais assister à cette belle course. Une fois les présentations faites avec l’Occitane, j’ai eu cette immense chance de m’installer à bord de leur voiture, aux côtés d’Axel Clos Courant, directeur sportif, et avec la compagnie de Bernard Duberos, assistant de l’équipe. Un tirage au sort a eu lieu avant le départ, afin de donner l’ordre des voitures derrière le peloton. Nous sommes en sixième position, donc bien placés. Sept coureurs de l’Occitane ont participé à cette première manche de la Coupe de France : Thomas Alfonso, Rémi Benarfa, Mathieu Caramel, Axel Crochard, Fabien Fraissignes, Guillaume Gaboriaud et Corentin Roux. Il y a forcément du très beau monde pour les accompagner dans le peloton. Toutes les équipes ont à cœur de briller et ainsi, marquer des points et les esprits dès le début de saison.

À 11h30, le départ fictif est lancé. Radio course nous souhaite la bienvenue, et c’est parti pour quatre tours d’un circuit casse-pattes, pour un total de 138 kilomètres. Comme j’ai bien plus l’habitude d’être sur le bord des routes, j’ai pu savourer dès les premiers mètres le fait d’être dans la course. Et je peux confirmer que les sensations sont encore plus impressionnantes que derrière un écran ! Je comprends vite qu’il y a une sorte de code de la route interne à une course. Les voitures se placent selon leur numéro au fur et à mesure, en doublant par la gauche le plus rapidement possible, sur des routes parfois étroites et sinueuses. Les klaxons retentissent pour avertir les véhicules précédents de l’arrivée de coureurs afin de veiller à leur sécurité.

La radio nous informe en permanence de ce qu’il se passe sur la course, mais aussi des éventuels dangers sur les routes. Un ballet incessant avance ainsi, au fil des demandes des coureurs. Soudain, c’est un membre de l’Occitane qui appelle son directeur pour récupérer un vêtement. C’est alors à notre tour de nous placer derrière le peloton et de répondre aux besoins du coureur. Et ainsi va la course.

Lorsque l’on aperçoit la queue du peloton, on repère des maillots rouge et or de l’équipe, pas forcément bien placés. Certains d’entres eux sont malades, difficile donc d’agir dans la course avec de mauvaises sensations. Mais leur DS est là pour les encourager à remonter. L’échappée du jour a compté plus de quatre minutes d’avance, sans un coureur pour représenter le club. L’écart finit par se réduire pour finalement être inexistant, des équipes ayant pris les choses en main pour ramener le peloton.

Dans la voiture, nous avons eu le temps de faire connaissance, de discuter de la course puis de vélo en général, de partager notre passion. Il y a des quelques moments d’accalmie, parfois un peu de tension, des moments studieux pour bien lire la course, des coups de bourres lorsqu’un coureur nous appelle, sans oublier quelques moments de rigolade.

Alors que nous étions dans les derniers kilomètres de l’épreuve, l’excitation de l’arrivée se fait sentir chez les coureurs encore fringants comme dans la voiture. Nous avons des coureurs dans le peloton, de quoi envisager des belles places pour le sprint final. Mais soudain, ce fût le drame. D’un coup, tout à basculer. Nos espoirs limite oubliés, remplacés par un sentiment tout autre. Dans une grande ligne droite descendante, les voitures freines brusquement devant nous, on aperçoit quelques cyclistes à terre alors que nous sommes encore loin de la chute. Et puis on s’est décomposés en voyant l’un de nos coureurs allongé à plat ventre sur le bitume. On comprend au premier coup d’œil que ça a l’air grave. Thomas Alfonso et quelques autres malheureux se sont accrochés sur le côté gauche de la route. S’en sont suivis de longues minutes très douloureuses. Le sang sur le bitume témoigne de la violence du choc. Thomas est raflé de partout, s’est ouvert l’arcade et une clavicule a été touchée. C’est horrible de le voir ainsi, on souffre pour lui et on attend avec impatience que l’ambulance arrive. Les autres coureurs ont pu repartir sans ambulance, il n’y a plus que nous. Tous ceux qui ont été distancés dans la course ont ralenti avec inquiétude. Un coéquipier de Thomas a même fait demi-tour pour prendre de ses nouvelles. Une fois placé dans l’ambulance, cette dernière l’a ramené à l’arrivée, puis les pompiers ont pris le relais jusqu’à l’hôpital d’Aix.

Une fois que l’on a repris la route, la course était évidement terminée. Nous avons rejoins les coureurs alors que le podium était en train d’être célébré par la victoire d’Erwann Corbel (VC Pays de Loudéac). L’ambiance était forcément spéciale, tous étant affectés par l’état de leur coéquipier. Ce dernier a bien été soutenu par son équipe. En parallèle, Guillaume Gaboriaud a terminé ce Grand Prix à la 13ème place, ce qui a permis à l’équipe d’engendrer quelques points pour le classement de la Coupe de France. (28 points, l’équipe est en 11ème position).

Le bilan de cette première journée est donc forcément mitigé. L’équipe étant logée dans le Var, je les ai quitté avec des étoiles plein les yeux, et avec le souhait que Thomas n’ait rien de grave, tout comme ceux qui ont chuté.

Je tiens à féliciter tous les coureurs pour s’être battus, accrochés durant ces 138 kilomètres. Un coup de chapeau à l’AVC d’Aix qui a bien organisé cette nouvelle édition, ainsi qu’à tous les bénévoles qui ont assuré la sécurité de la course. Ces faits font partie intégrante d’une épreuve de vélo de ce niveau, mais en vivant la course de l’intérieur, on se rend encore plus compte de leur importance, tout comme celle des spectateurs venus nombreux sur le bord des routes.

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Souvenir Jean Masse – Dimanche 21 février 2016

On prend vite goût à suivre une course de l’intérieur ! Alors le lendemain, j’ai retrouvé l’équipe de l’Occitane, qui m’ont à nouveau très bien accueillis.  Après l’écoute du briefing, j’ai pris des nouvelles de Thomas : son directeur sportif est revenu à Aix après la course afin d’organiser son rapatriement à Toulouse en ambulance. Le bilan est lourd, même s’il aurait pu être encore plus grave : ses nombreuses plaies vont mettre du temps à cicatriser, surtout sur son visage. Son omoplate est cassée, sa clavicule est fissurée (pour la deuxième fois), mais elle n’est pas déplacée, ce qui peut éviter une opération.

Je remonte dans la voiture d’Axel Clot Courant et de Bernard Duberos, tandis que le deuxième véhicule va rejoindre la zone de ravitaillement. Midi sonne l’heure du départ. Cinq coureurs de l’Occitane ont participé à la course : Louis Chavanes, Guillaume Gaboriaud, Weysley Dubédat, Fabien Fraissignes, et Jérémy Loubeau. Le départ fictif donné dans les hauteurs de Marseille a demandé une grande vigilance car la sécurité n’était vraiment pas optimale. Dès le début du parcours, les coureurs ont eu droit à un terrain de jeux très accidenté. Comme la veille, les paysages sont remarquables à certains endroits, mais les cyclistes n’ont pas forcément eu le temps d’en profiter !

L’ambiance globale de la course est différente. Le peloton est passé à plusieurs reprises (de part des circuits) dans des petits villages avec beaucoup de « Gendarmes couchés », comme les appelles Bernard. En parlant d’ambiance, elle est toujours aussi agréable dans la voiture, avec forcément des variations au fil des faits et des kilomètres. Nous avons parlé de leur séjour dans le Var, de ravito avec leurs moments de cuisine ou plutôt de pâtisserie puisqu’il s’agissait de tarte aux pommes. Je leur ai également présenté mon roman La bonne échappée. S’en est suivi les instants citations de Bernard, dont en voici quelques unes :

« Posé comme un crapaud sur une boîte d’allumettes » « Hyères, on n’a pas couru ». La motrice à la radio y a mis aussi du sien avec un joli « La colle n’est pas chère cette année ! » On ne s’ennuie pas dans la voiture de l’Occitane !

Côté course, le peloton s’est rapidement scindé en deux parties, les coureurs de l’équipes ayant manqué d’être représentés dans le premier groupe. Le deuxième circuit proposé a tout fait explosé tellement le parcours a été corsé. La foule était présente au sommet de la très difficile côte de Régage, que les coureurs ont dû monter non pas une, mais deux fois. Les cyclistes ne participant pas à l’épreuve y étaient présents afin d’encourager leurs coéquipiers. Il y avait donc forcément des coureurs de partout, et la course ne fût pas simple à suivre.

Pour éviter de tomber en panne d’essence, nous avons quitté le dernier tour de circuit le temps de faire le plein. C’est à pieds que Bernard et moi avons rejoins la ligne d’arrivée, afin d’encourager nos coureurs et de tous les féliciter. Mais grosse confusion pour savoir qui a remporté le Souvenir Jean Masse ! Une erreur de parcours, et Yoann Paillot (Top16) c’est malheureusement vu déclassé et déchu de sa victoire. Cette dernière a été remporté par Bastien Duculty (VC Villefranche Beaujolais).

Du côté de l’Occitane, Guillaume Gaboriaud est arrivé avec les hommes forts du peloton, terminant à une belle 14ème place. Louis Chavanes et Weyslet Dubedat ont également terminé la course, ce qui représente déjà un bel exploit tellement le parcours était rude et le niveau élevé.

Après tant d’efforts, place au réconfort ! Le temps d’un ravito et de charger tout le matériel dans les voitures, l’heure du départ n’était pas loin. D’habitude, se sont les femmes qui apportent des fleurs aux coureurs. Ce fut l’inverse pour moi, les coureurs m’ont offert le bouquet remporté plus tôt dans la semaine, lors des Boucles du Haut-Var. Merci à eux !

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C’est donc avec des souvenirs plein la tête que nous avons tous repris les chemins du retour. Je tiens à remercier à nouveau toute l’équipe de l’Occitane pour leur accueil, pour m’avoir permis de vivre à leurs côtés les moments si intenses des courses.

J’ai créé ce site pour partager ma passion pour le cyclisme. La vivre de l’intérieur, et pouvoir ensuite transmette toutes ces émotions est la plus belle des récompenses.

Il me reste à leur souhaiter une très belle saison que l’on va suivre avec attention, en espérant les retrouver de temps en temps. Très bon rétablissement à Thomas Alfonso.

J’ai également une pensée pour toutes les autres équipes présentes sur ces deux jours, pour les coureurs qui nous suivent sur les réseaux sociaux et qui font vivre le site, comme Lucas Papillon (CR4C Roanne), avec qui nous referont bientôt une nouvelle étape de la Gazette. Une pensée également pour l’UC Monaco, présente dimanche, que nous devrions aussi suivre de près cette saison, et pour tous les autres, car le vélo forme avant tout un beau petit monde, et une grande famille.

 

Montage vidéo au cœur du peloton

 

« Le site qui ravitaille le cyclisme » Tel est le slogan d’Au bon dossard. Une fois de plus, ce sont les coureurs et leurs suiveurs qui nous ont ravitaillé… de bonheur.

Rédigé par

Natacha Cayuela - Coordinatrice pour cyclistes

Passionnée de vélo depuis ses dix ans, Natacha est la fondatrice du site qui ravitaille le cyclisme. Elle est également l'auteur du roman La Bonne échappée, où l'univers de la Petite Reine est mis à l'honneur.